FRANÇAIS 2602 VOCABULAIRE "hérétique" = qqn qui n'accepte pas l'enseignement de la religion officielle l'hérésie = L'hétérodoxie hétéro = différent, autre doxie = enseignement (cf. doctrine, docteur - qui dans le premier sens est enseignant) NB. orthodoxie: (contraire de "hétérodoxie") ortho = correcte (ex. orthographe = écriture correcte) Si on était protestant dans un pays où la religion officielle était la religion catholique, et vice versa, on était hérétique. Si on était catholique dans un pays où la religion officielle était la religion protestante, on serait hérétique. Exécution d'une hérétique au XVI^e siècle.

THÈME DU CHAPITRE Ce chapitre est le premier d'une étude historique de l'intolérance et de la tolérance. Voltaire commence son livre par raconter une histoire contemporaine de l'intolérance. Aujourd'hui pour nous les principes de la liberté de religion, de pensée et d'expression sont des principes évidents, mais ce n'était pas le cas en Europe au XVIIIe siècle. Ce livre de Voltaire constituait une étape importante dans la formulation de ces principes. L'introduction du chapitre Vous avez appris, pour vos propres rédactions, de ne pas faire dans l'introduction de votre rédaction un résumé de ce que vous allez dire dans la suite, mais plutôt de susciter l'intérêt de vos lecteurs au sujet. Remarquez comment Voltaire suscite l'intérêt de ses lecteurs au premier paragraphe du texte. Étudiez en particulier la provocation de la première phrase. « Le meurtre... commis... avec le glaive de la justice ». Voltaire accuse l'État, le système judiciaire français, de meurtre dans l'affaire Calas ! C'une accusation grave ! Et dans la suite de la phrase, Voltaire affirme que cette erreur judiciaire dans la ville provinciale de Toulouse est un événement historique : elle mérite « l'attention de notre âge et de la postérité. » N'oublions pas que Voltaire était lui-même historien et qu'il avait une conception didactique de l'histoire, c'est-à-dire qu'il croyait que l'histoire présentait des leçons morales. Un des procédés habituels d'un texte argumentatif consiste à prévoir des objections au point de vue qu'on défend, et de répondre à ces objections. C'est ce que Voltaire fait dans les phrases qui suivent. Est-ce que la mort de milliers de gens dans la guerre n'est pas bien plus grave que la mort d'un seul homme suite à une erreur judiciaire ? Voltaire répond d'abord que l'on s'attend à ce que les soldats meurent dans les guerres (« c'est la fatalité inévitable de la guerre »), et deuxièmement que les soldats, étant armés, ont la possibilité de se défendre. Mais la mort d'un homme innocent qui ne peut se défendre qu'avec « sa vertu » aux mains d'une institution créée justement pour protéger les citoyens inspire, selon Voltaire, beaucoup plus d'horreur. La mort de Marc-Antoine et l'exécution de son père : -Après le souper, auquel participaient la famille et un ami, la famille Calas a trouvé Marc-Antoine mort en bas de l'escalier de leur maison, étranglé. Les autorités de la ville ont immédiatement accusé le père Jean Calas du meurtre. Les autorités prétendaient que le fils avait voulu se convertir au catholicisme pour pouvoir être avocat, et que son père l'a assassiné pour l'en empêcher. Jean Calas a donc été torturé et exécuté. Notez le rôle des fausses nouvelles dans cette affaire, au huitième paragraphe : "Quelque fanatique de la populace s'écria que Jean Calas avait pendu son propre fils Marc-Antoine. Ce cri, répété, fut unanime en un moment; d'autres ajoutèrent que le mort devait le lendemain faire abjuration; que sa famille et le jeune Lavaisse l'avaient étranglé par haine contre la religion catholique: le moment d'après on n'en douta plus; toute la ville fut persuadée que c'est un point de religion chez les protestants qu'un père et une mère doivent assassiner leur fils dès qu'il veut se convertir." Exemple de fausses nouvelles de nos jours : l'affaire Pizzagate de novembre-décembre 2016, quand des partisans de Donald Trump ont fait répandre la nouvelle selon laquelle le rival de Donald Trump, Hillary Clinton, dirigeait un réseau de pédophilie dans une pizzeria de la ville de Washington. Pour Voltaire, ces accusations des autorités étaient manifestement fausses, et n'étaient qu'un exemple de l'intolérance et du fanatisme anti-protestant de la population de Toulouse. Il présente des arguments pour prouver l'innocence de Jean Calas. Maison de Jean Calas à Toulouse Autre photo de la maison de Jean Calas à Toulouse Jean Calas torturé sur la roue Plaque à l'endroit où Jean Calas fut exécuté Le Languedoc est une province située dans le sud à la côte est de la Méditerranée. Carte des provinces de France avant la Révolution Française (1789) Carte des régions de France aujourd'hui « Le Midi » : La moitié sud de la France Deux dialectes français au Moyen Age: 1. la langue d'oc dans le Sud (d'où le nom de la région le Languedoc) 2. la langue d'oïl dans le Nord « ...quatre confréries de pénitents... » Images de pénitents (aujourd'hui, en Espagne) : Image 1 Image 2 QUESTION Faites un inventaire des arguments avancés par Voltaire dans le premier chapitre du Traité sur la tolérance pour établir l'innocence de Jean Calas, sous les rubriques suivantes : (1) l'invraisemblance de l'accusation, (2) les contradictions dans la thèse de la culpabilité de Jean Calas, (3) le caractère de Jean Calas, (4) le caractère de Marc-Antoine Calas, (5) le fanatisme de la population de Toulouse, (6) le manque de preuves (preuves = "evidence" en anglais). 1. L'invraisemblance : (= implausibility) -- Il n'est pas croyable qu'un "père et une mère [aient] étranglé leur fils pour plaire à Dieu, [qu']un frère [ait] étranglé son frère, [qu'] un ami ait étranglé son ami" (2e paragraphe). -- Jean Calas était un vieil homme faible, son fils était fort. Un vieillard de 68 ans auraient difficilement pu l'emporter sur un jeune homme robuste. (20e paragraphe) -- Si Calas avait tué son fils il faudrait croire que la mère et le père étaient tous les deux d'accord. De plus, le bon ami et le frère auraient dû être d'accord aussi. (2e paragraphe) -- Si Calas était coupable il serait évidemment un fanatique pour avoir tué son fils parce que son fils voulait se convertir au catholicisme. Si Calas était innocent, c'est un cas de fanatisme de la part des catholiques qui croient qu'un homme innocent protestant pourrait tuer son fils à cause de sa religion. -->