Le Théâtre : quelques remarques terminologiques

Intitulé de ce cours en français : Introduction au théâtre de langue française. En anglais : Introduction to drama in French. Le drame : Ce terme est un « faux ami » du mot anglais drama. Il s'agit d' un genre théâtral (ex. Ruy Blas de Victor Hugo) dont nous parlerons plus tard ; ce n'est donc pas un synonyme du mot « théâtre ». Cependant, l'adjectif « dramatique » est synonyme de l'adjectif « théâtral » pour désigner ce qui est propre au théâtre. Un[e] auteur[e] dramatique = un[e] dramaturge = angl. "playwright". Distinguez : * la comédie : un genre (comme la tragédie et le drame) * le comique : ce qui dans la pièce fait rire les spectateurs ------------------------------------------------------------ * l'humeur = la disposition (à court terme = "mood"), ou le caractère (à long terme) d'une personne * l'humour = "humour" (en anglais) ------------------------------------------------------------ un(e) comédien/-ienne = "actor/actress" un(e) humoriste = "comedian" ------------------------------------------------------------ Notez aussi : le jeu = "acting" la représentation = "performance" la mise en scène = "direction, production" le metteur en scène = "director" ------------------------------------------------------------

Caractéristiques et éléments du théâtre

Nous parlerons de cinq caractéristiques et éléments d'une pièce de théâtre : 1) le théâtre comme représentation 2) le dialogue 3) l'action 4) les personnages 5) le cadre

1. Le théâtre comme représentation

-le théâtre est différent d'autres genres littéraires (ex. la poésie, le roman) parce qu'une pièce est créée d'abord pour la représentation sur scène. Dans un premier temps l'auteur d'une pièce destine son oeuvre à la représentation devant un public plutôt qu'à des lecteurs. Il s'agit de créer un spectacle. - d'où l'importance, pour la représentation, des acteurs, du jeu ("acting"), des costumes, des éclairages, etc. Michel Viegnes (Le théâtre. Problématiques essentielles, 1992) parle du théâtre comme étant un « spectacle total », avec des messages sonores (bruitages, comme les bruits de tempête, musique, etc.), et surtout visuels (éclairage, décor, costume, gestes, expressions corporelles). - la représentation exige l'illusion dramatique/théâtrale, ou l'illusion du réel. -les acteurs doivent donner l'illusion d'improviser, d'agir comme si toute l'action était réelle les didascalies (nf) = les indications scéniques, "stage directions", qui peuvent être : * des indications spatiales, ex. dans La Farce de Maître Pathelin, p. 47. * des indications énonciatives, pour indiquer à qui un personnage parle : ex. p. 225 ; ou pour indiquer comment le personnage s'exprime : ex. p. 219. (Notes terminologiques : énoncer = exprimer, communiquer (ce qu'on a à dire) l'énonciation (nf) = l'acte de parler/communiquer l'énonciateur = la personne qui parle (narrateur, personnage, etc.; on dit aussi « locuteur ») énonciatif, -ive : adjectif qui correspond au nom « énonciation » le destinataire = la personne à qui l'énonciateur parle * des indications de jeu, indications gestuelles (les actions physiques des personnages, ex. p. 57, p. 69.

2. Le Dialogue

-la conversation entre les personnages - « l'histoire » (la fable) de la pièce se déroule grâce au dialogue -puisqu'il n'y pas pas (normalement) de narrateur comme dans un roman ou une nouvelle, toute l'action doit se passer dans le dialogue des personnages. Le langage du dialogue dramatique est lui-même action : « Dire, c'est faire. » Le langage théâtral est performatif. -la fonction du dialogue consiste à dévoiler une relation (de conflit, d'amour, de complicité, etc,) et le caractère (personnalité) de chaque personnnage. Distinguez : le personnage : la personne imaginaire dans la pièce ("character" en anglais) le caractère (prenez note du genre de ce mot ! ) : la personnalité d'une personne ou d'un personnage ; (dans la conversation courante on peut dire, par exemple, que tel ou tel « a bon/mauvais caractère ») Tous les personnages d'une pièce en sont les énonciateurs. Dans le dialogue théâtral il faut voir une double énonciation : le fait que dans une pièce il y a deux destinataires (1) un destinataire fictif, le personnage de la pièce à qui l'énonciateur parle, et (2) un destinataire réel, le spectateur/lecteur. Ainsi on peut analyser les effets différents du dialogue sur chacun de ces deux destinataires (par exemple, le discours de Maître Pathelin déconcerte et fâche le drapier, mais il amuse le spectateur ! ). Exception : il arrive dans certaines pièces (de Victor Hugo, par exemple) que l'un des personnages s'adresse directement au public. Dans cette circonstance il y a une simple énonciation (personnage > spectateur/lecteur) et une rupture au moins partielle de l'illusion dramatique Le dialogue est composé de répliques. une réplique : chaque propos ou réponse d'un personnage Types de répliques : une répartie (ou repartie) : une réplique courte (ex., Maître Pathelin, p. 59 : « Faites bonne garde ! ») une tirade : une réplique longue ; une reflexion à haute voix (ex., p. 104-105) un monologue : un acteur parle à haute voix quand il est (normalement) tout seul sur scène (c'est presque toujours une tirade) (= en anglais "soliloquy") (ex., p. 173) un aparté : un personnage parle à basse voix pour que les autres personnages ne l'entendent pas (ex., p. 245) Vers et prose Le dialogue d'une pièce est ou bien en prose ou bien (le plus souvent) en vers : « Tout ce qui n'est point prose est vers, et tout ce qui n'est point vers est prose » (Maître de philosphie, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, II,4 -- mais depuis le dix-neuvième siècle cette distinction n'est pas toujours aussi rigide). la prose : discours « normal » ; le contraire de vers : « Quand je dis, Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez un bonnet de nuit, c'est de la prose » (Monsieur Jourdain, ibid.). les vers : la répétition de sons, du même nombre de syllabes dans chaque groupe de mots (le rythme -- attention à l'orthographe ! Il n'y a qu'un seul h, à la différence du mot anglais "rhythm") --, des mêmes sons à la fin de chaque groupe de syllabes (la rime -- attention à l'orthographe ! ) etc.; le contraire de prose La Farce de Maître Pathelin est écrite en vers de huit syllabes (en octosyllabes).