Le théâtre français de la Renaissance au Grand siècle

Qu'est-ce que la Renaissance ? En France le XVIe siècle s'appelle La Renaissance. La Renaissance marque le début des Temps modernes ; ceci est paradoxal dans la mesure où le terme de Renaissance désigne une re-naissance d'intérêt pour l'Antiquité grecque et romaine (sa littérature, son art, sa philosophie, ses sciences), mais ce regard vers un passé lointain a été doublé d'un regard vers l'avenir : il s'agissait de nouvelles idées dans les arts, la religion, les sciences, etc. (En Italie la Renaissance a commencé déjà au XVe siècle.) Sur les différences entre le Moyen Age et les temps modernes, voir la réponse à la question (4) sur l' Action I, scène I, de la Farce de Maître Pathelin. Pourquoi la Renaissance marque-t-elle le début de la modernité ? - L'Europe, qui avait été en retard par rapport aux autres grandes civilisations (chinoise, arabe), a bénéficié à cette époque de deux inventions déterminantes : celle des armes à feux, et celle et de la navigation à longue distance. Ces inventions lui ont donné la capacité d'explorer les Amériques et d'autres parties du monde (par exemple, les côtes africaines et asiatiques), et de les dominer. Depuis le XVIe siècle le monde est dominé par la civilisation europénne, ou par des sociétés d'origine européenne - Une autre invention qui a changé le monde fut celle de l'imprimerie, inventée par Jean (Johannes) Gutenberg vers 1450 en Allemagne. Il s'agit du premier exemple de la fabrication en série, devenue par la suite la norme dans la manufacture de toutes sortes de produits. - Les livres, autrefois écrits à la main, donc très chers, sont désormais disponibles à tous ceux qui savent lire, ce qui permet la diffusion des connaissances et de la littérature (comme La Farce de Maître Pathelin) au grand public. - Cette époque est marquée aussi par un changement du rôle de la religion dans la société europénne, la fin d'une chrétienté unie où l'ensemble de sociétés européenes appartenaient à la même Église. - La division de l'Église suivait le mouvement de révolte contre l'autorité du pape à Rome (mené par Martin Luther en Allemagne, Jean Calvin en France et en Suisse, et le roi Henri VIII en Angleterre) : la Réforme. Cette révolte fut rendue possible en grande partie grâce à l'invention de l'imprimerie, parce que les réformateurs pouvaient remplacer l'autorité du pape et des évêques de l'Église catholique par celle de la Bible elle-même. Vocabulaire la chrétienté : ensemble des peuples chrétiens, et des pays ou le christianisme domine (le Robert Micro) (= angl. "Christendom", et pas "Christianity" [= le christianisme] !) la Réforme = "the Reformation" Pendant la dernière moitié du XVIe siècle il y a eu en France une série de guerres civiles entre l'aristocratie protestante (calviniste) et l'artistocratie catholique. On appelle ces guerres les Guerres de religion, et elles ont duré à peu près 40 ans. Le roi Henri IV a mis fin à ces guerres (l'Édit de Nantes, qui permettait la coexistence des Églises catholique et protestante). Résumé : la Renaissance est caractérisée par (1) un regain d'intérêt pour l'antiquité gréco-romaine, (2) l'effondrement de l'unité religieuse de l'Europe et, finalement, de l'importance de la religion dans la vie quotidienne, (3) des progrès scientifiques et techniques (navigation, armes, imprimerie, médecine, etc.), (4) le commencement de la domination du monde par l'Europe. Pour ce qui concerne la littérature, le théâtre n'a pas été un genre important pendant la Renaissance. Les grands écrivains s'exprimaient dans d'autres genres : le roman burlesque (Rabelais), la poésie lyrique (Ronsard, Du Bellay, Louise Labé), l'essai (Montaigne). Les poètes du XVIe siècle ont néanmoins exercé une influence importante sur le théâtre français jusqu'à la fin du XIXe siècle, car ils ont établi le vers alexandrin (vers de douze syllabes) comme la norme pour les vers français et à partir de cette époque la plupart des pièces de théâtre françaises ont été écrites en vers alexandrins. On peut également signaler au XVIe siècle les débuts du théâtre tragique en France : par exemple Cléopatre captive d' Étienne Jodelle et Les Juives de Robert Garnier. Au XVIIe siècle le théâtre devient le genre le plus important de la littérature. Les écrivains principaux de l'époque étaient Pierre Corneille, Jean Racine et Molière (dramaturges), La Fontaine (auteur de fables en vers), Madame de la Fayette (romancière) et La Bruyère (moraliste et satiriste, auteur des Caractères). QUESTIONS, L'École des femmes 1. Couverture : 1a) Que veut dire « Texte Intégral » ? = "unabridged" ; un texte entier b) Qui est l'éditeur de ce livre ? - ce mot est un faux ami avec "editor" en anglais et veut dire "publisher" ; c'est la maison d'édition Larousse-Bordas. Notre édition est présentée et annotée par ("is edited by") Myriam Boucharenc. Dans quelle collection est-il publié? - c'est un autre faux ami (le mot anglais "collection" [de poèmes, de nouvelles, etc.] = « recueil ») ; cela veut dire "series". Notre édition de L'École des femmes est publiée dan la collection Petits Classiques Larousse. Vocabulaire un recueil : un livre qui réunit plusieurs poèmes, nouvelles, etc. un (vers) alexandrin : un vers de 12 syllabes (comme dans L'École des femmes) une césure : la brève pause entre les hémistiches un hémistiche : chacune des moitiés d'un vers (groupe de six syllabes dans un alexandrin) Comment compter le nombre de syllabes dans un vers ? Tous les 'e's sont comptés sauf ceux qui se trouvent à la fin d'un vers, et ceux qui se trouvent devant une voyelle. Dans L'Ecole des femmes, il y a une alternance entre la rime féminine (les vers se terminent avec 'e'), et la rime masculine (sans 'e') La Farce de Maître Pathelin est écrite en Moyen Français, mais L'Ecole des femmes est écrite en français moderne, plus particulièrement en français classique, le français du XVIIe siècle. - Les oeuvres de Shakespeare sont plus difficiles à lire que celles de Molière parce qu'il n'y a pas d'académie « anglaise », comme l'Académie française en France, pour contrôler et standardiser la langue. Le français a donc beaucoup moins changé que l'anglais au cours des quatre derniers siècles, ce qui fait que le français du XVIIe siècle est plus facile à lire que l'anglais du XVIIe siècle pour nous qui vivons au XXIe siècle. - L'Académie française a été établie en 1635 par Richelieu (le premier ministre) ; il y a 40 membres élus qui s'appellent les 40 Immortels, et sont choisis parmi les grands écrivains de France. Note sur le titre et le thème de l'oeuvre. L'École des femmes est une polémique contre un concept réactionnaire (ultra-conservateur) de la place des femmes dans la société et de leurs rapports avec les hommes. Le personnage d'Arnolphe est le porte-parole de ce concept traditionnaliste. Comme c'est d'habitude le cas dans les satires, l'attitude et les actions de ce personnage sont exagérées par rapport à la réalité sociale, ce qui permet à Molière de ridiculiser le concept traditionnaliste du rôle de la femme. Arnolphe a fait élever une jeune fille, Agnès, de sorte qu'elle soit pour lui un jour l'épouse idéale et fidèle : naïve, ignorante, et obéissante. VOCABULAIRE l'incipit : le tout début d'une oeuvre. L'incipit, le premier vers de L'École des femmes, annonce le thème de la pièce : le mariage. in medias res (latin) : « au milieu des choses » ; l'incipit commence au milieu d'une conversation entre les personnages, ou au milieu d'une action Acte I, scène i : une scène d'exposition. La scène commence in medias res, au milieu d'une conversation entre Arnolphe et son ami Chrysalde. En plus de présenter deux des personnages principaux qui seront au centre de l'intrigue (du conflit), à savoir Arnolphe, et, indirectement, Agnès, cette scène est l'occasion d'un débat (entre Arnophe et son ami Chrysalde) sur le mariage : Arnolphe est cynique, croyant que toutes les femmes sont infidèles et que leurs maris sont trop tolérants à l'égard de leur comportement ; Chrysalde croit qu'en cette matière tout dépend du hasard. L'action n'est pas nouée avant I.iv, quand Arnolphe apprend que le jeune fils d'un de ses amis (Horace) est aussi amoureux d'Horace, et donc un rival. Vers 17-18 : il n'est.. = il n'y a ni... Dans un registre soutenu « il est » = « il y a ». Le sens des deux vers est le suivant : ...vous savez qu'il n'y a ni grands ni petits qu'on a vus garantis (= préservés) de votre critique. 1) Acte I, scène i. Donnez un titre (ou un bref résumé) pour chacune des sections suivantes. Distinguer ceux qui mettent en place l'intrigue et ceux ou se développe le débat. - I. v. 1-8 : On apprend qu'Arnolphe veut se marier dans les 24 h. Son amis Chrsyalde essaie de l'en dissuader. Cela annonce l'intrigue. - II. v. 9-72 : On apprend qu'Arnolphe est misogyne ; il pense que la plupart des femmes sont infidèles et il se moque des autres hommes qui épousent ce type de femme. Contribue au débat. Dans la tirade de la page 24, Arnolphe donne plusieurs exemples de ce qui arrive, à son avis, aux nombreux maris de la ville trompés par leurs femmes infidèles : * Une femme infidèle donne l'argent de son mari à son amant (v. 25-26). * Un autre mari doit accepter le fait que sa femme reçoit des cadeaux de son amant (v. 27-30). * Un autre proteste inutilement (v. 31). * Certains maris doivent quitter la maison quand l'amant de leur femme y arrive (v. 32-34). * D'autres femmes mentent à leurs maris (v. 35-38). * D'autres femmes encore qu'elles gagnent au jeu l'argent qu'elles reçoivent de leurs amants (v. 39-42). Arnolphe note que ces maris trompés (cocus) sont souvent « des sujets de satire » (de poèmes, pièces, ou nouvelles satiriques), et pour sa part -- puisque, comme nous l'apprendrons prochainement, il a pris des précautions exceptionnelles pour éviter que cela lui arrive à lui -- il veut simplement rire de ces maris trompés (v. 43-45). Cependant, son ami Chrysalde lui donne un avertissement (p. 45-46) : ceux qui rient des autres risquent souvent d'être victimes de ce qui les fait rire, ils risquent « un revers de satire » (v. 56). - III. (a) v. 73-123 : Arnolphe explique pourquoi il veut épouser une sotte qui ne pense qu'à coudre et filer ; et il donne sa méthode pour rendre obéissante une femme. Contribue au débat et à l'intrigue. Notez que la phrase que va du vers 87-92 est une question, en fait une fausse interrogation ("rhetorical question") - (b) v. 123-164 : Arnolphe a fait élever dans un couvent une fille, Agnès, pour l'épouser. Il avait l'intention de "créer" une femme naïve et simple qui lui obéirait toujours. (C'est pour cela que le titre de la pièce est « L'École des femmes ») (Contribue à l'intrigue.) Arnolphe explique l'éducation d'Agnès et pourquoi il l'a choisie. (Contribue au débat.) Sa famille était pauvre, donc, sa mère était heureuse de la donner à Arnolphe. - (c) v. 165-199 : Il s'agit du changement de nom d'Arnolphe. Contribue à l'intrigue. - Arnolphe veut qu'on l'appelle « Monsieur de la Souche » : c'est un nom à particule, un nom de la noblesse comme l'indiquent les mots « de la ». Arnolphe veut faire semblant d'être noble bien qu'il ne soit qu'un bourgeois. Au XVIIe siècle, 90 % de français étaient des paysans (des agriculteurs qui vivaient à la campagne dans de petits villages, qui n'étaient que rarement les propriétaires de leurs terres). Les les propriétaires des terres étaient les nobles. On ajoutait le « de » à leurs noms pour indiquer le nom de la région où ils étaient propriétaires. VOCABULAIRE un bourg = petite ville -> bourgeois est une dérivation Gare = Attention ! (p. 26, premier vers) la souche = stump (literally) = origines, ex. de vieille souche = de vieille famille se passer de = to do without de la sorte = de ce type, de cette manière