L'École des femmes, Acte I, scène 2

La Scène 2 appartient au genre de la farce (comique de gestes, de situations, et de mots) : les domestiques ne veulent pas ouvrir la porte pour laisser entrer Arnolphe, car ils ne se réjouissent pas de son retour. Expliquez la disposition typographique des répliques de la scène 2. Les répliques ne commencent pas toujours à la ligne parce qu'elles font partie de vers alexandrins, dont chacun est étendu sur plusieurs répliques. L'effet est celui d'un dialogue extrêmement rapide. - A la page 35, la situation est comique parce que les domestiques décident finalement d'ouvrir la porte pour Arnolphe uniquement parce qu'il menace de les priver de nourriture (v. 208-210). - v. 228-30, Exemple d'ironie et de sarcasme. Georgette suggère qu'Arnolphe ne manquait pas du tout à Agnès.

Acte I, scène 3

Les scènes 1,2, et 3 sont toutes des scènes d'exposition : on n'a pas encore vu Horace, qui est un personnage important dans l'intrigue. L'action n'est pas nouée avant le moment où celui-ci avoue être amoureux d'Agnès. Entrée d'Agnès. Dans la scène 3 Agnès parle très peu et elle ne paraît pas très intelligente, ce qui est l'image d'elle qu'Arnolphe a présentée dans la première scène. Elle a l'air très innocente et obéissante. Ex. v. 236; Agnès se plaint de puces dans son lit, et Arnolphe l'informe que quelqu'un (il pense à lui-même) y sera bientôt « pour les chasser ». Cependant, Agnès ne comprend pas qu'Arnolphe fait allusion à lui-même. À la fin de la scène, Arnolphe est content parce qu'Agnès est exactement comme il la veut : innocente, simple, obéissante. Il s'addresse à « Mesdames les Savantes » (les femmes intelligentes et instruites) (v. 244), en disant que son Agnès vaut beaucoup plus qu'elles, malgré leur intelligence. La réplique n'est évidemment pas adressée à des personnages de la pièce : il s'agit de feindre de parler à des personnes absentes, pour exprimer une certaine opinion. Le destinataire est en réalité le public (lecteurs et spectateurs). Ce type de discours adressé à un être symbolique ou à des personnages absents s'appelle une prosopopée. VOCABULAIRE ouïr = entendre (d'où le mot « oui », qui à l'origine voulait dire « entendu ». L'accent sur le 'ï' s'appelle un tréma manquer = être absent Tu me manques = "I miss you (literally : you are missing, absent from me)" suffisance(nf) = vanité ; "self-importance" ingénu(adj) = naïf ; "ingenuous" dans peu(v. 237, p. 38) = sous peu (en français moderne) = très bientôt

Acte I, scène 4

Au début de la scène 4, Horace arrive, et Arnolphe l'accueille comme un ami parce qu'il est le fils de son bon ami, Oronte. p. 40, v. 269-278 : allusion au père d'Agnès, au mariage d'Agnès (« fait important », v. 276), et anticipation du dénouement de la pièce dans l'Acte V, scènes 7-9. p. 41, v. 281 : prît = l'imparfait du subjonctif de prendre (= sans qu'il prenne) v. 281-282. Oronte, ami d'Arnolphe, écrit à celui-ci pour lui demander de prêter de l'argent à son fils Horace ; mais Arnolphe affirem qu'il l'aurait fait sans que son ami le lui demande. Cependant -- ce qui constitue une situation ironique pour l'action de la pièce -- Horace annonce à Arnolphe qu'il utilisera cet argent pour faire la cour à Agnès (p. 44, v. 343-344). Page 42, v. 317 : il s'agit d'un coup de théâtre, parce qu'Horace admet son amour pour Agnès (en désignant la maison où loge Agnès) : le jeune ami d'Arnolphe est devenu tout d'un coup son rival. C'est à ce moment précis que l'action de la pièce est nouée (le conflit, entre Arnolphe et Horace, pour l'amour d'Agnès, est amorcée ici et sera le sujet de tout le reste de la pièce). En même temps, Horace affirme que l'homme avec qui Agnès habite est bizarre. Horace sait que l'homme a un nom qui ressemble à « Souche » (v. 328), mais il ne sait pas que ceci est le nouveau nom d'Arnolphe (c'est un quiproquo -- voir p. 205 et les notes de cours pour le 26 janvier) ! Ainsi Horace parle d'Arnolphe tout en parlant à Arnolphe, et il insulte celui-ci sans s'en rendre compte (v. 331, 334). Dans les apartés et dans le monologue qui termine la scène on assiste au désarroi éprouvé par Arnolphe lorsqu'il apprend que le fils de son bon ami est amoureux de la femme qu'il a fait élever à son gré et qu'il est, croit-il, sur le point d'épouser.

Note sur le vouvoiemnt et le tutoiement dans L'École des femmes

À l'époque de Molière, on ne tutoyait généralement que les membres des classes sociales inférieures, qui se tutoyaient entre eux (Alain et Gerogette). C'est pourquoi, dans L'École des femmes on tutoie parfois les domestiques (v. 396), mais on vouvoie ses amis, les membres de sa famille, etc. Aujourd'hui, on vouvoie les personnes qu'on ne connaît pas bien et les personnes pour qui on a du respect. Les Québécois d'un certain âge vouvoient souvent leurs parents (pour leur montrer du respect) mais les Français (sauf exception) tutoient les leurs.

Questions sur l'Acte I

L'action lancée est le conflit entre Arnolphe et Horace, qui ont l'un et l'autre l'intention d'épouser Agnès. L'enjeu, c'est le mariage d'Agnès. Vocabulaire : ingénu (anglais "ingenuous", et non "ingenious") = naïf. Molière dépasse des stéréotypes parce qu'Arnolphe n'est pas seulement un jaloux, et Agnès n'est pas seulement une sotte. Le caractère d'Arnolphe est très développé : il a des idées fixes, qui constituent presque une idéologie au sujet des femmes. Agnès est bornée par les contraintes de son enfance . Elle a été élevée sous la direction d'Arnolphe, qui l'a rendue simple et obéissante. Mais nous ne savons pas pour autant qu'elle est par nature « sotte ». En fin d'acte, toutes les intérrogations se fixent sur Horace. Vocabulaire : la grande comédie -- comédie où les caractères des personnages sont développés ; la suffisance sententieuse = "contentious self-importance" Horace est le fils du bon ami d'Arnolphe, qui s'appelle Oronte. La relation d'Arnolphe et d'Horace est une source de comique burlesque (qui associe le grave et le bouffon) parce que la situation est sérieuse et ridicule en même temps. Il y a un élément tragique, car on a de la pitié pour Arnolphe, malgré ses idées préconçues et malgré le fait que les sympathies du public soient du côté d'Horace. Cependant, la relation est également amusante à cause de la rivalité entre les générations (entre le vieillard et le blondin). Ils sont tous les deux stéréotypés : Arnolphe est un vieil homme conservateur, et Horace est un beau jeune homme confiant. Vocabulaire : archaïsme (nm) = une idée, une pratique démodée ; prétendre = to claim Les principes d'Arnolphe se fondent sur les archaïsmes culturels qui désignent les rôles des femmes. À son avis, elles sont par nature infidèles et elles devraient rester à la maison pour ne rien faire sauf plaire à leurs maris. Il prétend défier les valeurs de son temps selon lesquelles les femmes sont intelligentes, et que leurs rapports avec les hommes doivent être ceux d'égal à égal. (Ce sont de nouvelles idées de son époque qu'il ne veut pas accepter). Chrysalde donne un avertissement à Arnolphe de ne pas se moquer trop des autres hommes qu'il considère comme étant les victimes de l'infidélité de leurs femmes, parce que cette moquereie peut se retourner contre lui. -Quelle est celle des faits ? Dans le cas d'Horace, c'est l'amour qui inspire le respect. souffrir = (ici) to allow v. 395 : « Vous avez donc souffert...qu'un homme soit venu » = You therefore allowed a man to come in... Dans la scène 4, il y a quatre personnages, mais Arnolphe est le seul qui parle et il se parle à lui-même. Il fait le point = dresse le bilan ; take's his bearings.

Acte II, scène 1

GRAMMAIRE : v. 374 : « n'eût pu » = n'aurait pas pu v. 375 : « il eût » = il aurait v. 376 : « je ne voudrais pas qu'il sût » = je ne voudrais pas qu'il sache v. 379 : « J'en veux rompre » - en = de la liberté d'action d'Horace (v. 378) Explication des deux premiers vers de l'Acte II : à la fin de l'Acte I (didascalie, p. 44), Arnolphe croit qu'Horace est sur le point de revenir. Ici Arnolphe constate qu'il est mieux que lui et Horace ne se soient plus rencontrés, car Arnolphe n'aurait pas pu cacher son malheur. Dans la scène première, Arnolphe est tout seul et il est mécontent parce qu'Horace vient de lui dire qu'il aime Agnès. Arnolphe décide de mettre fin aux projets d'Horace.

Acte II, scène 2

Arnolphe gronde Alain et Georgette parce qu'ils avaient laissé entrer Horace. Puis, il dit à Georgette et à Alain de faire descendre Agnès, mais change tout de suite d'avis pour le faire lui-même (v. 410-414).

Acte II, scène 3

Quand Alain et Georgette sont tout seuls, Georgette se plaint de la mauvaise humeur d'Arnolphe, et Alain essaie de lui expliquer pourquoi leur maître est si ennuyé. Il y a un élément de comique parce qu'il compare les femmes au potage des hommes, et il dit qu'Arnolphe ne veut partager son « potage » (langue paysanne).

Note sur L'École des femmes et la question du rôle de la femme

La condition féminine est l'un des thèmes principaux (sinon le thème principal) de L'École des femmes. À l'époque de Molière, un certain nombre de femmes faisaient valoir leurs droits, et certaines d'entre elles étaient des artistes, des écrivaines et des savantes. À Paris, en particulier, les femmes étaient au centre de la vie intellectuelle : elles organisaient des « salons » dans lesquels des écrivains et des scientifiques se retrouvaient pour parler et présenter leurs oeuvres. En effet, les femmes avaient joué un rôle important dans la littérature française dès le Moyen Âge et la Renaissance. Au Moyen Âge on pourrait citer à titre d'exemple Marie de France et Christine de Pisan. À la Renaissance (XVIe siècle) on peut signaler notamment Louise Labé, poétesse qui écrivait des sonnets, et Marguerite de Navarre, auteur d'un recueil de nouvelles intitulé L'Heptaméron. D'ailleurs certains auteurs masculins essayaient de revaloriser le rôle des femmes. Le prêtre Guillaume Postel, par exemple, a écrit Les très merveilleuses victoires des femmes, et François de Billes Du fort (= De la force) inexpugnable des femmes. Cependant, à cause du manque de moyens efficaces de contraception et un taux de mortalité infantile extrêmement élevé, les femmes étaient enceintes fréquemment et beaucoup d'entre elles n'avaient pas le temps pour travailler en dehors de la maison. C'est seulement à la campagne, où les femmes partageaient le travail agricole, que le travail des femmes avaient une valeur économique. À la fin de la scène 3, l'attitude d'Arnolphe en parlant aux « Mesdames les Savantes » est réactionnaire. Il veut nier que les femmes soient égales aux hommes, et que leur rôle soit plus que celui d'une ménagère. Molière ridiculise l'attitude d'Arnolphe afin de montrer que cette attitude est démodée.

Acte II, scène 4

Arnolphe veut se calmer.

Acte II, scène 5

Dans la scène 5, la plus longue de la pièce, Arnolphe interroge Agnès sur la visite d'Horace. Sa réponse confirme sa naïveté et sa complicité parce qu'elle explique tout ce qui s'est passé, et ne se rend pas compte que cela vexerait Arnolphe. La scène montre l'ingénuité (v. 478) ou la naïveté d'Agnès : v. 474, 476, 582, 611, Qui est « l'exécrable damnée » du vers 511 (attention à la prononciation de ce mot : [dane], le m ne se prononçant pas) ? C'est une vieille femme qui encourage Agnès de recevoir Horace. Aux pages 58-59, il y a dans la tirade d'Agnès un dialogue à l'intérieur du dialogue, une scène à l'intérieur d'une autre. Elle raconte qu'elle a vu un jeune homme qui est passé plusieurs fois devant son balcon, et, le lendemain, une vieille femme (qui est très importante pour la suite de l'intrigue, car c'est elle qui sert d'intermédiaire entre Horace et Agnès et qui rend ainsi possible leur amour mutuel) est apparue à la porte. Elle plaide le cas du jeune homme (Horace), en disant qu'il mourrait s'il ne voyait pas Agnès. Elle convainc la naïve Agnès, qui dit à Arnolphe qu'Horace a guéri quand il l'a vue (v. 537). Cette scène illustre aussi la gentillesse et la politesse naturelle d'Agnès ; elle ne voulait pas qu'Horace estime qu'elle était moins civile que lui. Dans les répliques naïves d'Agnès (v. 600-606) Molière présente une critique de la morale traditionaliste qui ferait de tout contact physique entre un homme et une femme en dehors du mariage un péché. Attention ! VOCABULAIRE v. 495 de plus belle(phrase idiomatique) = recommencer baiser = embrasser (à l'époque de Molière), mais il a changé de sens et maintenant s'emploie dans un registre extrêmement vulgaire pour désigner des rapports sexuels. GRAMMAIRE v. 480 « Que j'avais défendu que vous vissiez personne » (langue écrite) « Que j'avais défendu que vous voyiez personne » (langue parlée) On peut dire aussi : je vous avais défendu de voir personne Il y a deux constructions pour dire la même chose: - défendre que qqn fasse qqch - défendre à qqn de faire qqch