René Descartes

Discours de la méthode.
Thème : Une méthode pour acquérir des connaissances

Sites Internet utiles :

Texte du Discours de la méthode, à partir de la page Textes du site Encéphi
Édition annotée des trois premières parties du Discours de la méthode (notes de Jean Strajnic).

Version audio du Discours de la méthode.

49 citations célèbres du Discours de la méthode.

NOTE IMPORTANTE : Parmi les questions suivantes, vous préparerez, après la discussion des textes dans le séminaire, de brèves réponses écrites pour celles qui sont marquées d'un astérisque. Ensuite vous les remettrez à votre professeur.

Questions préliminaires

1. Après avoir lu les résumés suivants de l'ouvrage, indiquez quel en est le thème principal et quels sont les sujets particuliers dont il traite.

Comment comprendre le Discours de la méthode.
Wikipédia, Discours de la méthode.
D. Fontaine, Fiche de lecture, Discours de la méthode.

2. Comment Descartes aborde-t-il ce thème ? La Première Partie appartient à quel genre de texte ?

Vidéo de Descartes qui présente son Discours de la méthode (3 minutes)

Première partie, p. 9-18 (Considérations autobiographiques : pourquoi Descartes rejeta l'enseignement de ses professeurs)

* 1. Expliquez la première phrase, Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée (p. 9)

2. Page 14, lignes 1-7 (Car [...] rien vu). Quel est le parellèle avec la pensée de Montaigne ?

3. Pour quelle raison Descartes n'a-t-il pas voulu étudier la théologie (p. 15, 3e paragraphe) ?

4. P. 16, lignes 5-9 (« et que, considérant... vraisemblable »). En quoi ces lignes annoncent-elles le principe du « doute méthodique » ?

5. Quelle est pour Descartes la valeur des pratiques communes, des coutumes et des traditions ? Pourquoi en a-t-il cette opinion ? (P. 17-18, dernier paragraphe jusqu'aux mots d'entendre raison.)

Deuxième partie, p. 18-28 (Une méthode pour passer du doute aux connaissances)

1. Pourquoi, selon Descartes, faut-il se méfier des idées de la majorité ? (p. 23, surtout lignes 19-25, « et que néanmoins ... me conduire »).

2. Pourquoi appelle-t-on le doute préconisé par Descartes un doute méthodique, et en quoi ce doute méthodique est-il différent du doute exprimé par les partisans d'un scepticisme absolu (qu'on appelle les « pyrrhoniens », c'est-à-dire, disciples du philosophe grec Pyrrhon, -340 à -275) ? (p. 23, dernier paragraphe - p. 25, premier paragraphe)

--- Le doute fait partie d'une méthode établie pour permettre à un individu (ou plus exactement, pour permettre à Descartes lui-même) d'accéder à la vérité et aux connaissances : ce doute constitue l'étape préliminaire de la méthode, et doit être suivi de la pratique de la raison (la logique, le raisonnement, comme pour les mathématiques). Le savant doit (comme l'a fait Copernic pour postuler son idée du système solaire) repartir à zéro, et n'accepter de ses prédécesseurs que ce qu'il peut confirmer lui-même.

--- Voir aussi page 36, lignes 190-194 : à la différence des sceptiques ou pyrrhoniens, pour qui le doute est une fin en soi (les sceptiques croient qu'on ne peut rien savoir avec certitude), le but du doute méthodique de Descartes sert précisément et uniquement à préparer la voie à une nouvelle construction de connaissances solides et certaines

. * 3. Résumez les quatre règles (p. 25-26) que Descartes nous propose pour établir nos connaissances, sous les titres suivants : (1) l'évidence (attention ! c'est un « faux ami » du mot anglais « evidence ») ; (2) l'analyse ; (3) la synthèse ; (4) la récapitulation.

--- (1) L'évidence (sens général) = ce qui est évident, clair (et non l'anglais. evidence = preuves). D'abord, on ne doit rien accepter qui soit douteux. Pour être considérées comme étant vraies, nos connaissances doivent être fondées uniquement sur ce qui est évident (observations certaines, règles incontestables des mathématiques).

--- (2) L'analyse (sens général) = le démontage, la décomposition, la déconstruction, la réduction d'un ensemble à ses parties constituantes. Par exemple, quand on analyse un poème, on le décompose en ses différents éléments : rythme, rime, thème, images, argument, etc. La deuxième étape de la méthode de Descartes consiste à décomposer l'objet ou le problème qu'il étudie en tous ses éléments irréductibles.

--- (3) La synthèse (sens général) = la combinaison, la composition, la reconstitution, de façon ordonnée, de divers éléments pour en former un ensemble. Par exemple, dans une dissertation littéraire on fait une synthèse de ses lectures. La troisième étape de la méthode de Descartes consiste à construire « par degrés » une connaissance composée et structurée de l'objet ou du problème qu'il étudie.

--- (4) La récapitulation = la révision, la vérification de ce qu'on a fait pour s'assurer que rien n'a été omis et qu'aucune erreur n'a été commise.

* 4. En quoi la méthode de Descartes peut-elle être considérée comme étant le fondement des sciences modernes ? (Pour répondre à cette question, pensez aux cours de sciences naturelles que vous avez suivis à l'école secondaire ou à l'université : comment, dans ces cours, avez-vous acquis certaines connaissances ? Cela a-t-il été uniquement grâce à l'autorité du professeur et du manuel ?)

--- Règle de l'évidence. Les données des sciences modernes sont des observations directes et des calculs mathématiques. Elles sont donc claires, évidentes. Lorsque, par exemple, un scientifique observe un objet sous un microscope, il ne peut noter que ce qu'il observe, et non pas ce qu'il croit être possible. La science de Descartes est en ceci très différente de celle de la Renaissance, où les savants avaient recours à de nombreuses spéculations (sur la nature de l'homme, des rapports entre le monde et les corps célestes, etc.). Dans l'apprentissage des sciences, les étudiants sont obligés de mener des expériences, c'est-à-dire de faire des observations directes eux-mêmes, au lieu de se limiter à ce qu'ils apprennent en lisant des livres.

---Règle de l'analyse (décomposition). Les sciences modernes procèdent dans un premier temps par une décomposition de leurs objets. Par exemple, la chimie décompose les substances en éléments chimiques, en atomes, etc. La physique réduit le comportement d'objets physiques en principes universels (la loi de la pesanteur, etc.).

---Règle de la synthèse. Les sciences modernes expliquent des phénomènes complexes et créent de nouveaux produits (comme des médicaments) en faisant des combinaisons ou des compositions d'éléments variés.

---Règle de la récapitulation. Les expériences scientifiques sont revues afin de vérifier qu'aucun facteur pertinent n'a été omis, et elles doivent être reproduisibles.

Résumé : dans ces quelques lignes Descartes a élaboré la méthode fondamentale des sciences modernes.

Troisième partie, p. 29-37 (Comment vivre avec les autres ? Quatre principes moraux)

* 1. Résumez et appréciez les principes de morale proposés par Descartes.

---Si la recherche de la vérité en ce qui concerne nos connaissances exige un travail qui finalement ne sera jamais terminé, la reconnaissance de principes moraux ne peut pas attendre, puisque nous devons vivre avec d'autres êtres humains. Il s'agit donc de formuler une morale « par provision », c'est-à-dire, une morale provisoire qui n'a pas le même statut que nos connaissances mais qui nous servira de guide dans nos rapports avec les autres. Descartes résume ce code en trois maximes :

(i) Celle du conformisme et de la modération.
Comme Montaigne, Descartes est prêt à reconnaître que les lois, les coutumes et les religions des civilisations étrangères ne sont pas nécessairement inférieures à celles des Européens (p. 29, lignes 25-26), mais comme il doit vivre avec ces derniers il croit « utile » de se conformer aux traditions et aux moeurs de ses compatriotes. À l'égard de la société, la morale de Descartes est donc foncièrement conservatrice. Rappelons qu'il s'est dissocié de toute idée de révolution sociale (p. 22-23). D'ailleurs, il affirme vouloir éviter tous les excès et faire toujours les choix les plus modérés (p.32).

(ii) Celle de la résolution et de la cohérence. En matière de morale, « lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plus probables » (lignes 77-78), et une fois partis sur un certain chemin, nous ne devons pas en dévier.

(iii) Celle de la maîtrise de soi : « changer mes désirs [plutôt] que l'ordre du monde » (lignes 92-93). En affirmant « qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées », Descartes s'inspire des philosophes stoïciens de l'antiquité gréco-romaine comme Zénon de Citium (-395 à -264), Sénèque (-4 à 63), l'empereur romain Marc-Aurèle (121-180), et surtout l'esclave Épictète (c.55 à c.135). Voir Le Manuel d'Épictète.

2. Y a-t-il une contradiction entre ces deux affirmations ?

(i) Ma seconde maxime était [...] de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées (p. 30-31).

(ii) Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle (p. 25).

---Pour Descartes, la contradiction n'est qu'apparente, car en fait les décisions morales sont d'un ordre complètement différent de celui de nos connaissances ou de « la vérité ». Souvent on ne peut être absolument certain de la justesse d'une décision morale comme on peut l'être des propositions mathématiques et d'autres évidences. Descartes opère ainsi une séparation de la morale d'avec les sciences. Voir p. 40, lignes 7-17.

Quatrième partie, p. 37-45 (Comment savoir la vérité et être certain de l'existence de Dieu ?)

1. Expliquez comment Descartes, après avoir douté de tout, arrive à savoir quelque chose, et à établir finalement ce qu'il prend pour le fondement certain de toutes nos connaissances.

---Pages 40-41: (i) Descartes doute de tout, y compris de « toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit » (lignes 28-30), et même de l'existence de son corps.

(ii) Mais en doutant, il pensait.

(iii) S'il pensait, il connaissait déjà une première vérité, un fait dont il ne pouvait pas douter : le fait qu'il existait (cogito, ergo sum).

(iv) Le « je » ou le « moi » qui pense, même sans supposer l'existence du corps, se réduit à la pensée ou la conscience pure. Autrement dit, le sujet pensant est une substance spirituelle, une âme, qui existe en elle-même et qui est entièrement distincte du corps (lignes 49-53). On appelle cette idée le dualisme cartésien, car l'homme est composé de deux substances radicalement différentes, l'une spirituelle (celle qui constitue le vrai « moi » ou la vraie personne), l'autre physique.

(v) Je peux concevoir un être parfait. Mais puisque j'ai appris mon existence uniquement dans l'acte de douter, et que le doute est une imperfection, je n'aurai pas pu concevoir l'être parfait moi-même (lignes 70-75, 85-95). Donc dans ma propre imperfection, je comprends que je dépends d'un être parfait, qu'on nomme Dieu. (Voir question 2, ci-dessous)

(vi) Cet être parfait ne saurait mentir ou nous tromper dans ce que nous apercevons comme étant clair et distinct (comme les règles des mathématiques et les choses évidentes que nous observons). Ainsi c'est Dieu qui garantit la vérité de nos connaissances (p. 45, lignes 202-245).

Résumé : Descartes est passé par degrés du doute total à la certitude de ses connaissances de tout ce qui est clair et évident, en passant par une preuve de l'existence de Dieu.

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2. Descartes réussit-il à prouver l'existence de Dieu ? Suivez attentivement les étapes son argument aux pages 39-41 (« En suite de quoi ... un seul moment »)

---Suivez attentivement les étapes de l'argument aux pages 42-43 où Descartes entreprend de prouver l'existence de Dieu :

(i) En doutant de tout pour arriver au cogito, Descartes comprend que c'est « une plus grande perfection de connaître que de douter » (lignes 71-72), et qu'il n'est donc pas lui-même un être parfait (ligne 70). Commentaire d'Étienne Gilson dans son édition du Discours : « L'acte de pensée dans lequel je saisis mon existence est le doute ; or le doute est une imperfection » (p.371).

(ii) Étant lui-même un être imparfait, il n'aurait pas pu s'imaginer tout seul un être parfait (lignes 72-73, 90-91). Il n'aurait pas pu non plus tirer l'idée d'un être parfait du néant (lignes 86-87)

(iii) Seul un être véritablement parfait (Dieu) aurait pu mettre en lui cette idée (lignes 90-95).

(iv) Puisque la dépendance à l'égard de la matière est une imperfection, Dieu doit être un esprit pur (lignes 121-130).

(v) Comme preuve supplémentaire, Descartes soutient que l'existence fait partie de l'idée de perfection (p. 44, lignes 149-151). Ainsi Dieu existe par définition, c'est-à-dire, l'idée même de la perfection (d'un être parfait) comprend l'existence -- un Dieu qui n'existait pas serait moins parfait qu'un Dieu qui existe. Descartes compare l'idée de la perfection à celle d'un triangle ou d'une sphère : selon l'idée même du triangle, les trois angles sont égaux à deux angles droits, et selon l'idée de la sphère tous les points sur la surface également distantes de son centre. On appelle cet argument pour l'existence de Dieu l'argument ontologique, argument qui avait été formulé dans des termes un peu différents par Saint Anselme de Canterbury au XIe siècle. Voir l'article Argument ontologique dans la Wikipédia.

Cinquième partie, p. 45-62 (Le monde physique)

1. Dans quelle mesure Descartes dessine-t-il une théorie de l'évolution ? Quelles en sont les limites ?

* 2. Expliquez la théorie cartésienne de « l'animal-machine ». En quoi selon lui les êtres humains sont-ils différents des animaux ?

Sixième partie, p. 62-78 (À quoi sert la science ?)

1. Pour Descartes quelle devrait être la fonction de la science dans la vie des hommes ? En quoi peut-on parler d'une théorie du progrès chez Descartes ?