CLASSE

 

 

         Il nous apparaît que la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ au Québec) est une forme de Mouvement d’arrêt commun (MAC); mode d’organisation que nous avons défini dans notre « manifeste sans parti » intitulé LA VIE Après le capital et publié chez Triptyque en 2009. Sans être un mouvement sans chefs, ses procédures et ses procédés s’apparentent à ce que nous entendons par un MAC.

 

         Un mouvement qui revendique le droit à l’éducation doit réclamer la gratuité scolaire, la décapitalisation de l’enseignement et de la recherche et la dissociation de l’éducation et du marché. Ce n’est pas un mouvement réactif contre le gouvernement mais un mouvement actif pour le changement. Il ne s’agit pas de renverser et de prendre le pouvoir, mais de le détourner et de le retourner contre lui-même. Tout en cherchant la plus vaste mobilisation, il importe de solliciter les anglophones autant que les francophones et les enseignants autant que les étudiants; il est nécessaire de ne pas céder au nationalisme ou à un parti et d’ainsi outrepasser les frontières du seul Québec. Il faut purger l’éducation de la souveraineté de l’État au profit de la fécondité intellectuelle de la masse.

 

         Par ailleurs, un tel mouvement doit aussi se préoccuper de la qualité de l’enseignement et de la recherche. Il ne voit donc pas d’un bon œil l’invasion de la science par la pulsion de mort et par le marché, par la dénégation et par la compulsion de répétition due à l’ignorance. Il s’insurge contre l’épistémophilie et l’épistémocratie et contre les biotechnologies; il condamne la sociobiologie et ses avatars; il refuse d’abandonner la recherche et la découverte à l’intelligence artificielle et à la traduction automatique, aux statistiques et aux banques de données, aux enquêtes et aux sondages, aux expériences et aux simulations, aux prédictions et aux standardisations. La science n’a pas à s’abandonner au règne et à la règle du calcul, à la théorie des jeux ou du « choix rationnel », à la philosophie analytique ou même au « marxisme analytique »; tout cela dans le rejet de la langue maternelle au profit de l’anglais et selon le modèle du système d’éducation américain. La recherche ne découvre plus; elle cherche ce qu’elle trouve : elle n’éprouve pas, elle (s’)approuve

 

         En outre, ce MAC doit être un triple mouvement : non seulement pour le droit à l’éducation, mais aussi pour le droit au travail (assistés sociaux, chômeurs, travailleurs au salaire minimum, travailleurs émigrés ou clandestins, grévistes, détenus, etc.) et pour le droit à la santé et à la retraite (malades, invalides, retraités) dans un « régime de retrait(e) continu(e) » et d’une classe d’âge à l’autre. Arrêt et accès !

 

         Enfin, le droit (civil et commun) doit se dissocier de l’État, dans les « droits de l’humanité », qui ne défendent pas la liberté seule, mais surtout la dignité dans la solidarité. Il faut déplacer ou remplacer la démocratie (force, puissance), c’est-à-dire la souveraineté  du peuple, par une démosophie (sagesse) ou une démophilie (amitié), soit par la fécondité de la paix : du voisin - du commun!

 

 

JML/25 mai 2012