SOMMAIRE
  .
Amour 
Anonymat 
Calcul 
Cerveau 
Chirurgie plastique 
Cognition 
Cyclothymie 
Dieu 
Don Juan 
Envie
Épistémologie 
Érection 
Érotomanie 
Femme 
Feu 
Fiction 
Génie 
Grammaire universelle 
Hystérie 
Illusion de l'origine 
Individuation 
Infeste 
Intentionnalité 
Isomorphisme 
Jeu ou vice? 
Magasinage 
Malheur
Menstruations 
Métabiologie
Moyen 
Musique et danse 
Passion
Physique 
Polygamie 
Proprioceptivité 
Pulsion de mort 
Question 
Racisme 
Rationalisation et surestimation 
Retour du refoulé 
Sciences cognitives 
Séduction 
Sexualisation de la langue 
Somatisation 
Sport ou sacrifice? 
Subjectivité 
Traduction 
Transition
Visage 
Vitesse
 


AMOUR 

Être aimé est agréable (ou bon) et beau : c'est de la vanité et de la coquetterie; et il y a beaucoup de coquettes autant chez les hommes que chez les femmes : des allumeuses et des éteignoirs. Seul aimer est sublime. Être aimé, c'est la comédie cérébrale de la tête; aimer, c'est la tragédie viscérale du coeur. 

23/01/97 

ANONYMAT 

Comme non-concept, le sujet de l'énonciation est l'équivalent du nom propre; mais ce n'est pas le nom propre de la personne : ce n'est le nom propre de personne -- comme "Dieu" ou "D asein". Plutôt qu'impersonnel, le sujet de l'énonciation est anonyme; son anonymat est sa subjectivité. Et il a toutes sortes de pseudonymes et de surnoms, dont l'auteur n'est pas. Peut-être qu'il est le nom propre même de l'anonymat, dans l'anonymat même du nom propre, d'un nom propre qui ne peut s'énoncer, qui s'annonce dans des pro-noms et qui «s'avance masqué» [Descartes] comme un fantôme ou un spectre, le spectre natal et agonal du né-mort, de la finitude radicale. Pré- ou proto-individu, le sujet de l'énonciation n'est pas le sujet de la personne ou la personne du sujet : il n'est le sujet de personne. 

05/04/95 

CALCUL 

Pour une femme, un homme c'est déjà trop mais pas d'homme ce n'est pas assez; de là, l'enfant, le petit homme, le petit d'homme, le demi-homme. Pour un homme, une femme ce n'est pas assez mais deux c'est trop; de là, la (ou les) maîtresse(s) -- jusqu'au harem. 

29/06/95 

CERVEAU 

Puisque l'hérédité est incontournable -- à moins de mettre en péril l'avenir génétique, la survie de l'espèce -- et si on ne croit pas à l'hérédité des caractères acquis, peut-on seu lement trouver le moyen de solliciter davantage l'hémisphère droit du cerveau, peut-on bloquer l'hémisphère gauche ou gauchir le droit à des fins d'apprentissage et de spécialisation de la langue? et comment? Serait-ce à la manière des langues signées ou des écritures idéographiques qui semblent plutôt s'adresser à l'hémisphère droit qu'à l'hémisphère gauche? Serait-ce par des activités de création mettant en oeuvre l'imagination et (r)éveillant l'affect? Serait-ce par la fiction de la présentation imagin aire et l'immanence de l'imprésentable -- de l'irreprésentable? Mais il ne faudrait pas identifier hémisphère gauche et langage d'une part, hémisphère droit et image d'autre part. Du côté du gauche, il y aurait plutôt la grammaire, la signification, la ph onologie et la syntaxe, la représentation en somme; du côté du droit, il y aurait la signature, le sens, la sémantique et l'affect; l'activité à gauche, la passivité à droite.

23/01/97 


CHIRURGIE PLASTIQUE 

Essentiellement, pour la femme, ladite chirurgie esthétique est la réalisation de l'envie de pénis (extérieur) par le nez ou par les seins : non pas avoir le pénis d'un homme en elle mais à elle, le sien. Dans le transvestisme et a fortiori dans le transsexualisme, l'homme s'identifie à la femme pour conquérir son objet (homosexuel), pour l'acquérir : ce n'est pas de l'homosexualité (simple), c'est de l'hystérie (double). 

03/04/97 

COGNITION 

Le concept ou la notion d'esthésie, où il est entendu que les opérations perceptivo-cognitives constituent la pré-condition, le terminus ou l'instance ab quo, n'est rendu possible qu e par un élargissement illimité de la cognition, qui finit par inclure l'affect et l'imagination, tout en étant quasi synonyme de l'intéroception au sens restreint (l'intellection). La cognition devient alors un concept fourre-tout et passe-partout, où se trouvent indifférenciées la proprioception (limitée à la perception de la motricité du corps propre) d'une part et l'intéroception et l'extéroception d'autre part, ainsi que l'intuition et la perception, la sensation et l'aperception, la chair et le corp s, l'âme et l'esprit, le coeur et le cerveau. Il nous semble, au contraire, que ce concept de cognition gagne à être limité à une opération prédicative de l'intellect comme acte de raisonnement reposant à la fois sur la sensibilité et sur l'entendement, s ur la sensation et sur la perception et sans oublier la mémoire; l'antéprédicativité, qu'elle soit pré-conceptuelle ou non conceptuelle, ne pouvant alors qu'échapper à la cognition comme mode de connaissance. 

23/01/97 

CYCLOTHYMIE 

L'humeur humaine oscille entre l'envie et l'ennui, entre l'admiration et l'indifférence, entre le mépris et le respect, entre l'enthousiasme et l'étonnement, entre l'impatience et la patience, entre le don et l'abandon, entre l'espoir et le désespoir ou l'inquiétude, voire entre la nymphomanie ou le donjuanisme et la frigidité ou l'impuissance ou même entre l'obsession et l'hystérie, sinon entre le sadisme et le masochisme. En sa pha se maniaque ou euphorique, l'état d'esprit est une sorte de "diarrhée" et de logorrhée; en sa phase dépressive ou dysphorique, c'est une sorte de "constipation" et de mutisme. Jusque dans les forces et les valeurs, la thymie oscille entre les forces (fort es) d'adhérence ou de cohérence et les forces (faibles) d'adhésion ou de cohésion ou entre les «valeurs d'absolu» (maniaques et parfois répressives) et les «valeurs d'univers» (dépressives ou mélancoliques mais parfois libératrices) -- là Heidegger, ici C assirer?... 

20/01/99 

DIEU 

Dieu n'est pas une réponse mais une question; c'est une très mauvaise réponse à une trop bonne question ou une trop mauvaise réponse à une très bonne question, peut-être la seule ou la meilleure : celle de l'origine. 

06/03/97 

DON JUAN 

Un don juan ne séduit pas les femmes en les attirant, mais les femmes sont attirées par les femmes qu'il a séduites, chacune s'imaginant être la dernière (auprès du père) faute d'avo ir été la première : ce n'est pas un séducteur (a posteriori) parce qu'il séduit les femmes (passées), il séduit les femmes (futures) parce que c'est un séducteur (a priori). 

30/03/97 

ENVIE 

La jalousie n'est finalement qu'une forme et une force de l'envie, de l'envie d'être encore plus que l'envie d'avoir. L'envie (d'être) est la passion féminine par excellence, que ce soit la passion des femmes ou non : la passion de l'envie, l'envie d'être, est présupposée par l'envie de la passion, l'envie d'avoir. 

01/07/98 

 

ÉPISTÉMOLOGIE 

Comme science subjective, la pragrammatique est à la fois la science du sens comme monde et langage et théorie non épistémologique de la science, l'épistémologie -- cette discipline parasitaire (au sens biologique et sociologique du terme) -- étant la relève métaphysique de la théorie de la connaissance qu'est la gnoséologie. L'épistémologie est de plus en plus la justification et la légitimation de la technique et de la technologie qui l'envahit, la cybernétique (robotique, bureautique, informatique, etc.). La pragrammatique est "épistémique", mais elle n'est pas d'essence épistémique; c'est-à-dire qu'elle est irréductible au croire, à la croyance, au jugement de certitude ou de rec titude; son "credo" se situe en deça d'un croire et d'un doute : il est en quelque sorte "épidermique" -- chair sans chaire... 

24/03/95 

ÉRECTION 

Est-ce que l'organe de reproduction mâle a pu prendre quelque valeur symbolique avant d'être perçu et conçu comme origine de la reproduction, comme origine "réelle"? Ou bien la valeu r est-elle venue de la simple érection, de son institution arbitraire? -- Ce qui en ferait bien une valeur imaginaire, imaginée d'abord, puis imagée. Où situer, dans cela, le mythe de la Déesse-Mère et le mystère du matriarcat? 

15/03/95 

ÉROTOMANIE 

Les belles femmes -- celles que l'on dit ou trouve telles, tellement belles, ou celles qui se trouvent belles (inconsciemment ou consciemment) -- ne peuvent qu'être malheureuses et r endent malheureux les hommes (ou les femmes) qui les aiment, parce qu'elles développent et entretiennent un culte pervers -- aussi pervers que celui d'une secte -- et qui est celui de l'érotomanie : vedettes et starlettes du spectacle, mannequins, danseus es, athlètes, sex-symbols, vamps, etc. L'érotomanie est la perversion du regard hystérique, de l'hystérique regard, sans d'autre remède que la maladie, le vieillissement, la laideur, le suicide. Pis que la beauté du diable, il y a le diable de la beauté - - et tous ses couturiers... 

14/04/97 

 

FEMME 

Pour l'hystérique -- que ce soit une femme ou que ce soit un homme --, la question n'est pas "Qu'est-ce qu'une femme?", mais bien plutôt "Qui est une femme?" ou "En suis-je une?"&nbs p;

29/11/95 

FEU 

L'allumeuse est un éteignoir. 

06/04/96 

FICTION 

La présomption de paternité [Legendre] n'est pas fondée sur la connaissance du géniteur, sur le génétique, mais sur une fiction, une généalogie. 

21/01/97 

GRAMMAIRE UNIVERSELLE 

Ce que les chomskyens appellent la grammaire universelle -- d'origine génétique, neurologique, selon eux -- est, en son caractère contraignant et génératif, un effet de l'interdit de l'infeste à l'intérieur de groupes extrêmement restreints et à l'espérance de vie ne dépassant guère trente ans : pas question donc de familles nombreuses, ni même de familles ou, tout au moins, de familles monogamiques. 

21/07/97 

HYSTÉRIE 

L'hystérique jouit de tout et de partout, sauf de l'organe, voire de l'orgasme. Ne pas jouir de jouir : nymphomanie ou donjuanisme; jouir de ne pas jouir : frigidité ou impuissance.

24/08/95 

ILLUSION DE L'ORIGINE 

Il nous faut être capable de rejouer l'illusion de l'origine, de la jouer contre le mythe de la vérité historique et contre la science (objective) comme synonyme de vérité; d'en joue r donc comme le travail du rêve se joue de la mémoire (l'histoire) au profit du récit (la théorie); de jouer ainsi une certaine vérité du mythe et du rite contre le mythe et le rite d'une vérité certaine, un certain savoir contre un savoir certain. Nous d evons déjouer la pureté de l'origine par l'origine de la pureté, qui n'est rien d'autre que le métissage, soit : l'impureté, l'impropreté et l'imperfection sources d'étrange, d'étrangeté. Le mythe de l'origine est l'origine du mythe, disait à peu près Lév i-Strauss; la quête de l'origine est l'origine de la quête, disions-nous. L'illusion de l'origine est l'origine de l'illusion, d'une illusion nécessaire, de la nécessaire illusion qui fait et défait la finitude de l'homme. Dans la dénégation de la finitud e -- finitude qui est l'ultime et la plus sublime désillusion --, il y a oubli de l'illusion ou illusion de l'oubli : illusion que l'on peut oublier, que l'on peut oublier l'illusion... En ces temps de déclin de la transcendance, du monothéisme (chrétien, tout au moins), il nous faut un autre mythe fondateur, un autre Dieu disait Heidegger, un Dieu pour en finir avec tous les dieux! 

21/07/97 

INDIVIDUATION 

Le sujet de l'énonciation n'est ni l'individu ni l'espèce, ni la classe (ou le nombre) ni le genre. C'est le dividu, qui n'est ni "un" ni "deux", qui est "moins-qu'un" : c'est cela l a division, la séparation; ce n'est pas le dédoublement ou le redoublement, le double ou la doublure. Ce n'est pas un "transsujet" en tant que transcendant -- l'intersubjectivité de la collectivité, de la communauté -- mais en tant que transcendantal, c'e st-à-dire radicalement immanent : antérieur à la différence -- in-différent. L'indifférenciation de l'individu et de l'espèce précède l'individuation et, a fortiori, l'individualisation de l'étant. Le sujet de l'énonciation n'est pas un éta(n)t; «point d' indifférence» [Schelling], il est davantage "entre" qu'être : il est l'âtre de l'antre. 

3/04/95 

INFESTE 

François Héritier, dans Les deux soeurs et leur mère; anthropologie de l'inceste [1994], distingue l'interdit de l'inceste de premier type, celui dont on parle habituellement, qui fr appe la parenté (par filiation ou alliance), et l'interdit de l'inceste de deuxième type, qui frappe l'identité. Elle suggère que l'inceste de premier type est incompréhensible sans l'interdit de l'inceste de deuxième type : selon elle, Oedipe et Jocaste, c'est d'abord la rencontre interdite d'Oedipe et de Laïos, son père, dans la matrice de Jocaste et donc la rencontre d'Oedipe avec lui-même. En ne présupposant pas que le rôle du père dans la fécondation, le rôle de géniteur, soit déjà connu de toute éte rnité, il est possible de proposer plutôt que ce sont deux formes de l'interdit de l'infeste : dans l'interdit de l'inceste de premier type, ce qui est interdit, c'est le familial, d'abord et avant tout la mère interdite aux fils, non plus comme mère (et donc par le sang) mais comme épouse du père (et donc par l'alliance); dans l'interdit de l'inceste de deuxième type, ce qui est interdit, c'est le familier, surtout les substances familières, partagées, communes. Dans les deux cas, il s'agit de l'interdit du Même, de l'identique, de l'identité. Il y en a une troisième forme, plus originaire, où est interdit l'Autre, le différent, l'altérité : l'étranger, et qui est proprement l'interdit de l'infeste (de l'infect, de l'impur, de l'hostile); interdit de l'i nfeste proprement dit dont dérive, dans la résistance du refoulé, dans le refoulement, l'interdit du meurtre et dont le racisme est le retour du refoulé pouvant aller jusqu'au génocide... Il y a une poussée au peuplement et aux migrations -- aller et veni r, partir et revenir -- quand il y a passage de l'interdit de l'infeste -- le régime de la mère, de la terre-mère, de la caverne sans sanctuaire -- à l'interdit de l'inceste proprement dit -- le régime du père, du chef de la horde primitive qui, pour fond er l'interdit qu'il impose à tous, doit être le seul à y échapper : c'est un pur individu, narcissique, polygame et étranger à l'amour; cet individu pur est le surhomme qu'il y a à l'aube de l'histoire de l'humanité et non pas à son crépuscule [selon Freu d contre Nietzsche] : certains l'appellent Yahve, d'autres Oedipe; avec le mythe d'Oedipe, advient la grotte-sanctuaire. 

21/01/97 

INTENTIONNALITÉ 

À moins de réduire la phénoménologie à une psychologie -- alors qu'elle est, comme la psychanalyse, une métapsychologie --, l'intentionnalité ne saurait être assimilée à l'intention, à la volonté, au choix conscient d'un individu qui sait ce qu'il dit et dit ce qu'il veut : il ne suffit pas de savoir voir pour voir et de voir pour dire; car la vision, parce que visée, n'est pas une simple vue, une simple vue de l'esprit, un simple po int de vue même aux multiples perspectives : le regard n'est pas un organe, l'organe de la vue, l'oeil... 

23/01/97 

ISOMORPHISME 

Il y a une sorte d'isomorphisme entre, d'une part, le confessionnel, le professionnel et l'intellectuel en tant qu'expression, et, d'autre part, le spirituel, le personnel et le sexu el en tant que contenu. 

30/12/97 

 

JEU OU VICE? 

Mettre sans arrêt des pièces de monnaie dans les trous d'une machine à sous n'est pas une activité banale, un simple jeu en vue d'un enjeu comme l'est parfois le pari ou la loterie. Il s'agit, dans la compulsion de répétition, de mettre des sous entre les jambes de sa mère, même quand il s'agit d'une femme qui joue, d'une joueuse qui -- bénéfice secondaire -- peut aussi s'identifier à la machine et ainsi se masturber sans se toucher; un joueur ou une joueuse psychotique ira, lui ou elle, jusqu'à s'indentifier inconsciemment à la pièce, celle-ci pouvant alors être un organe dans un corps sans organes. Et, de toute façon, l'enjeu du jeu demeure le même : il s'agit de coiffer le père au près de la mère. Il y a des joueurs qui se mettent des couches, qui se langent, pour ne pas s'éloigner de la machine à sous, au cas où : au cas où la machine -- la mère -- jouirait... Le jeu est recherche du plaisir jusqu'au vice, où la quête de la mère s 'inverse dans la défaite du père; défaite impossible et source de mélancolie et de deuil, de ruine ou de suicide. L'envie du jeu est le jeu de l'envie [pour une flagrante illustration de cela, mais au billard américain, cf. The Hustler (1961), film de Rob ert Rossen, et The Colour of Money (1986), film de Martin Scorcese]. 

30/12/97 

 

MAGASINAGE 

Si les femmes passent autant de temps dans les magasins de vêtements et de chaussures ou de cosmétiques, ce n'est pas par et pour la mode, c'est pour acheter ce qui ne s'y vend pas, ce qu'elles ne pourront jamais acheter : du magasin à la clinique de chirurgie esthétique, c'est affaire de budget; la chirurgie commence au magasin. 

12/04/97 

MALHEUR 

Pascal distingue les élus, les appelés et les réprouvés; les élus -- les approuvés, dirons-nous -- ont trouvé; les appelés -- les éprouvés -- cherchent mais ne trouvent pas, les répr ouvés ne cherchent pas; les approuvés sont bienheureux, les éprouvés sont malheureux et raisonnables, les réprouvés sont malheureux et fous. Les éprouvés sont, selon nous, les plus malheureux des névrosés. 

09/08/97 

MENSTRUATIONS 

Ladite humeur des règles, surtout avant, n'a sans doute pas grand-chose à avoir avec l'anatomie, avec la biologie; c'est plutôt un effet de l'envie de pénis, de l'envie de l'enfant; effet qui est à chaque mois vécu comme un avortement, tout au moins pour une femme sans enfant. Une fois de plus pour elle, c'est ne pas avoir à l'intérieur ce qu'elle désire à l'extérieur et à elle, attaché ou jadis attaché par le cordon ombilical; l'enf ant, détaché, est un moindre mal, un pis-aller. Faute d'enfant, il n'y a que la poupée, de diverses dimensions et de diverses conformations. 

12/04/97 

MÉTABIOLOGIE 

Il ne fait aucun doute que la psychanalyse est une entreprise qui se situe en marge de la psychologie (le sujet de la conscience et de la volonté) et de la métaphysique (le sujet de la raison et la raison du sujet); c'est donc une métapsychologie. La philosophie, dans son avancée la plus radicale qui va de la phénoménologie à la grammatologie ou à la «non-philosophie», participe aussi d'une telle tentative ou initiative. Mais, avec l e concept de pulsion de mort, la psychanalyse, débattant avec la biologie, s'avère être aussi une métabiologie -- ce dont aucune biologie et aucune épistémologie ne peuvent rendre compte. 

13/03/95 

MOYEN 

Pour la femme, l'homme est un moyen; pour l'homme, la femme est une fin. Pour la femme, l'homme est un moyen de se trouver ou de trouver l'enfant, de (re)trouver le père, l'homme de sa vie, dont un autre homme n'est jamais qu'une copie et jamais à la hauteur du modèle; en cela, elle est éprouvée, c'est une éprouvée. L'homme est dans l'avoir, la femme est dans l'être : «elle n'est pas sans l'avoir» [Lacan]. 

24/06/95 

POLYGAMIE 

La polygamie, impliquant une plus grande sévérité de l'interdit de l'inceste, puisqu'il y a beaucoup d'hommes qui sont ainsi privés de femmes et donc poussés à l'émigration, a pu êtr e un lieu de transition entre l'interdit de l'infeste et l'interdit de l'inceste et a pu contribuer à la prolifération de ce dernier interdit. L'interdit de l'inceste n'est-il pas plus sévère en Afrique et en Océanie ainsi que chez les Musulmans plus que chez les Chrétiens?

21/01/97 

PROPRIOCEPTIVITÉ 

Avant toute perception (et donc toute cognition), avant toute semiosis, il y a investissement thymique de l'objet par l'imagination, il y a deixis. Il n'y a pas d'autre prégnance -- le niveau 0 -- que cet investissement, qui est ainsi la "disposibilité", la (pré)disposition, qui précède toute pré-condition et toute opération perceptivo-cognitive ou cognitivo-perceptive (de l'ordre de la saillance ou de la passance). La proprioceptivi té réside dans la passivité en soi -- la pulsion de mort -- et dans la résistance du sujet à l'objet et à lui-même comme ultime objet; la proprioceptivité ne saurait donc être une procédure de mise en discours, d'énonciation énoncée (dont les traces ou le s marques se multiplient dans la généralisation des marqueurs au delà d'un «appareillage formel de l'énonciation»). Il n'y a pas d'énonciation de la subjectivité (dans le langage); il n'y a que subjectivité de l'énonciation; l'énonciation énoncée n'a pas accès à l'affectivité de la subjectivité, qui est l'énonciation présupposée -- qui ne s'énonce pas, s'annonce seulement peut-être. 

23/01/97 

PULSION DE MORT 

L'interdit de l'infeste -- le tabou de la sexualité, de la reproduction sexuée, de la vie -- est la persistance et l'insistance de la pulsion de mort, du retour à l'inertie, à l'iner te, à l'informe, à l'infirme. 

1/02/97 

QUESTION 

L'homme est un animal (= être), mais l'animal n'est pas un homme (= ne pas être); là est la question! 

24/06/95 

RACISME 

Il est possible d'identifier divers racismes selon différents types d'étayage : les racismes à fond(s) racial, religieux, ethnique (ou culturel), linguistique, démographique (ou national). D'un point de vue spatial, cela deux formes de racisme : 

1°) un racisme centrifuge (ou nomade) qui est contre l'extériorité; c'est le racisme du colonisateur, de l'envahisseur, de l'oppresseur; c'est un racisme offensif (chauvin), sadique ou effronté : c'est un racisme obsessionnel (humilia nt et pédant); 

2°) un racisme centripète (ou sédentaire) qui est pour l'intériorité; c'est le racisme du colonisé, de l'exploité, de l'opprimé; c'est un racisme défensif (xénophobe), masochiste ou timide : c'est un racisme narcissique (humilié), sur tout dirigé contre les immigrants. 

Mais l'un peut évidemment s'inverser dans l'autre et les deux formes se confondent dans le chauvinisme sportif et dans le messianisme littéraire, politique ou religieux, où le caractère natal ou originaire du peuple ou de la religion se convertit en caractère national ou original de l'État-nation ou de l'État-religion; dans le chauvinisme sportif, il y a perversion plutôt que conversion d'une forme par une autre, dans une dialectique de l'amour et de la haine et pour le plaisir ou le déplaisir du Moi idéal, qui se réjouit dans la victoire et souffre dans la défaite. On a l'habitude d'expliquer le racisme par la justification qu'il se donne de lui-même, c'est-à-dire par son étayage, autrement dit par la transcendance sociale, par la tr anscendance de l'histoire, de l'idéologie, de la politique, de l'économie; donc, par la couleur de l'argent, même quand l'argent n'a pas de couleur. Ainsi, le racisme centripète, où on cherche un plus malheureux, un plus pauvre, un plus démuni que soi, se rait dû à la misère et au chômage; parallèlement, le racisme centrifuge -- essentiellement centripète en somme -- conduirait aux guerres et aux génocides : fascisme et nazisme au XXe siècle, néo-nazisme en Russie et ailleurs. De part et d'autre, le racism e serait alors un remède à la mélancolie, à la dépression -- par la manie!... 

Une explication du racisme ne peut venir que de son ancrage, que de l'immanence : il y a une ontogenèse et une phylogenèse du racisme. Chez chacun et chez tous, il y a une opposition entre la libido d'objet (la libido érotique et "exo tique") et la libido de sujet (la libido auto-érotique ou narcissique; Bleuler disait "autistique"). L'une des formes de la libido d'objet est la pulsion sociale : la pulsion grégaire. Dans le racisme, et sous la pression de la pulsion grégaire, l'Idéal d u moi (l'autorité, la conscience morale) se voit remplacé par l'objet, ce qui permet l'identification des sujets entre eux et avec l'objet; cet objet, c'est le groupe représenté par : la race, la caste, la secte, la nation, la patrie, le peuple, la classe , la foule, la masse; c'est la communauté fermée (l'uniformité, l'unité) par opposition aux autres communautés et par opposition à la société ouverte (l'université, l'universalité). L'identification se trouve renforcée s'il y a un meneur, un "Fuhrer", tel le père de la horde primitive originaire. Le racisme est ainsi le résultat d'une pulsion inhibée quant au but (la satisfaction) au profit de l'objet (le moyen). Il y a refoulement du "sensuel" (terrestre) au profit du "tendre" (céleste) et donc amour du groupe et haine du non-groupe. Il y a surestimation (inconsciemment sexuelle) de l'objet, c'est-à-dire que l'objet échappe à la critique, à toute critique, au détriment de ce qui n'est pas l'objet; c'est l'idéalisation qui fait que l'objet est traité comm e le moi : «une certaine quantité de libido narcissique déborde sur l'objet», dit Freud; le Moi idéal (imaginaire), l'image idéale de soi-même, se substitue à l'Idéal du moi (symbolique) : il y a renforcement du Moi idéal par l'image, par le miroir, par l 'écran -- écran sans doute "catholique" (universel) avant d'être "cathodique"... On aime alors le groupe comme on s'aime, dans un retour au narcissisme, une (re)chute dans le narcissisme; un narcissisme qui peut être mortifère : le moi se trouve, là, anéa nti dans et par l'objet (autosacrifice militaire ou militant). Il y a ainsi abandon à une «idée abstraite» comme la race... 

Freud distingue les foules secondaires, dominées par l'organisation (comme les partis et les syndicats), et la foule primaire, dominée par un meneur (comme l'Église et l'Armée ou l'État). La foule primaire est la recréation de la hord e, «reviviscence de la horde originaire», sa persistance, sa survivance. Qui dit foule dit évidemment population (groupes) et peuplement (migrations). Ce qui caractérise la horde originaire, c'est que le chef, seul, échappe à l'interdit. Les fils s'identi fient à lui et s'identifient entre eux comme victimes, jusqu'à l'amour objectal homosexuel qui leur permettra de tuer le père; le meurtre du père le fait père et le rend immortel : c'est la déification. Retrouver le statut de ce père, le statut de l'excep tion à la règle qui fonde la règle, échapper à l'interdit de l'inceste, est l'illusion inconsciente du raciste, de la race pure et de la pure race, de l'individu pur et du pur individu; il s'agit de substituer une famille incestueuse -- le groupe et son m eneur avec qui il y a identification -- à la famille où il y a interdit de l'inceste et donc exogamie. Cela ne veut pas dire qu'il y a un raciste en chacun de nous [Deleuze-Guattari], mais qu'il y a du racisme dès que nous sommes ensemble, dans les jeux d u pour et du contre, de l'avec et du sans dont peut rendre compte la grammaire sémio-narrative des Actants. 

Le racisme est donc l'équivalent d'un inceste; il y a ainsi quelque chose de la transgression de l'interdit, de sa conversion plutôt que de sa perversion. Le refoulement d'un interdit -- l'interdit de l'inceste, le détour par le père, la castration -- est suivi du retour du refoulé -- l'inceste, le retour à la mère, le contour du père -- qui est un retour à l'identique (duel, spéculaire, imaginaire) : retour à une altérité qui n'est jamais que l'identité d'un autre psychologique : le même. Le retour à l'identique (l'interdit de l'infeste), c'est -- à la limite et par la pulsion de mort -- le retour à l'inorganique, à l'inerte... Alors que le meurtre est la mort de l'individu, l'inceste est la mort de l'espèce, mais pas pour des raison s biologiques, génétiques, plutôt pour des raisons sociales, généalogiques; le racisme, lui, conduit à la mort d'un groupe (génocide) ou d'autres groupes (guerre). Comme l'inceste, le racisme est la chute de l'Idéal du moi, le regain de vie du Moi idéal, le gain du narcissisme dans le culte du sujet (familier, familial), la culture de l'idéal narcissique (le chef, le tyran) et l'agression contre l'objet (étranger). Il y a alors esthétisation du politique [Benjamin] et fétichisation de l'esthétique (athlét ique et cosmétique). 

22/01/97

 

RETOUR DU REFOULÉ 

Le fantasme -- ou cette fantaisie -- de la machine à traduire, c'est-à-dire d'une pure grammaire ou d'une grammaire pure, est le retour du refoulé, soit le retour de l'interdit de l' infeste, en même temps que le fantasme d'une théorie plus puissante que la langue elle-même, qui est la plus puissante des théories, la langue étant une théorie partagée et commune. La théorie, elle, est un délire partagé; le délire est la théorie d'un se ul. Ce fantasme est aussi entretenu par la logique, la philosophie du langage, la philosophie de l'esprit et les sciences cognitives et par les partisans et les artisans de l'unilinguisme universel et ce, justement, dans l'ignorance du fantasme et de la p ulsion, de l'affect, et dans la dénégation de l'imagination. Il y a aussi un tel retour du refoulé et de l'illusion de l'identité dans l'obsession de l'accent, dans l'attachement (paternel) à la pureté de l'accent (maternel). 

21/07/97 

SCIENCES COGNITIVES 

La métaphysique de la présence est une métaphysique du regard à laquelle n'échappe pas la phénoménologie. La métaphysique du regard, qui est une (méta)physique de l'espace, s'inverse dans le regard de la métaphysique avec les sciences cognitives. C'est ce regard (métaphysique) qui s'affirme dans le primat de la (pré)vision, même quand celle-ci se voit associée au tact dans une «vision haptique» et comme «palpation par le regard». Dan s la dénégation du fantasme, il y a une véritable fantasmatisation du regard comme pénétration, absorption, accouplement, osmose, symbiose; fantasmatisation qui va même jusqu'à la phallicisation du regard comme flèche visant une cible-réceptacle. Il n'y a pas de place chez les cognitivistes pour la pulsion (le regard comme objet a) et pour le fantasme, parce qu'ils confondent l'imagination et l'image ou l'imagerie, l'image mentale et l'image visuelle, incapables qu'ils sont de penser l'imagination en rapp ort avec l'imaginaire, le symbolique et le réel. L'affect se trouve ainsi intégré à la représentation, à la perception, à la cognition, au verbe. Ce n'est pas le corps propre, dans la motricité et dans la cognition, qui constitue la dernière instance; c'e st le schéma corporel ou l'image du corps, qui fait que le corps et le langage, la chair, ne sauraient échapper au fantasme. La dénégation du fantasme, du regard du et par le fantasme, fait ainsi retour dans le fantasme du regard... Les sciences cognitive s n'accèdent sans doute même pas à une esthétique transcendante de l'agréable (ou du bon) et du beau, à une esthétique du plaisir, s'accrochant à une esthétique du goût ou à une éthique du jugement. Une esthétique transcendantale (ou immanente) de la joui ssance, une esthétique du sublime, ne pourra jamais que leur échapper irrémédiablement, parce qu'elles n'en ont pas le temps, parce qu'elles n'ont pas le temps, parce que le temps de l'imagination n'est pas l'imagination de l'espace : illusions, illusion, Illusion. 

23/01/97 

SEXUALISATION DE LA LANGUE 

Malgré toute l'idéologie de la différence -- différence qui n'est jamais que l'identité, illusion de l'identité, quand elle tombe sous le coup de l'identification --, il n'y a point de maître du langage; et ce, contrairement à une certaine conception transcendante ou fonctionnelle et instrumentale du langage qui se maintient, par exemple, dans la sexualisation ou la resexualisation de la langue, au mépris du principe d'immanence ou d 'économie d'une langue comme le français, qui a besoin de la distinction topicalisation/focalisation, extensif/intensif, élastique/compact, unipersonnel/démonstratif, neutre/marqué (dans le genre et le nombre, entre autres choses°. 

23/01/97 

 

SPORT OU SACRIFICE? 

Le sport, comme le jeu (les jeux d'argent) et comme sacrifice, est un coup monté des dieux, c'est-à-dire du père, que l'on cherche à coiffer au fil d'arrivée. Du côté du joueur ou du spectateur, l'aspiration à la victoire -- Nikê est la messagère de Zeus et la compagne d'Athéna; c'est le nom grec de la victoire qui est devenu Nike -- se solde par la victoire du sentiment de culpabilité, parce que c'est justement une aspiration à la m ère; la souffrance après la défaite -- la victoire du père rival -- tient du masochisme et de la punition bien méritée. C'est ainsi que, pour un homme, la joie d'une victoire est tellement plus petite que la tristesse d'une défaite lui signifiant le triom phe paternel; pour une femme, la défaite est vite oubliée, parce que c'est la défaite de la fille en elle, mais la victoire est source d'une grande joie, parce que c'est la défaite de sa mère et la victoire de la mère en elle : c'est donc la double victoi re du père modèle, à qui elle accède par le seul discours du fantasme ou le fantasme du discours... Le sport, comme substitut ou succédané de la guerre -- encore plus que la politique peut-être, le sport est la continuation de la guerre par d'autres moyen s (avec la fête ou le deuil en fin de combat) --, est l'aspiration de la fécondité (du travail, de la sexualité) à la souveraineté (des dieux, des prêtres), en même temps que la soumission de la fécondité à la souveraineté. Le sport est sacrifice en ce qu 'il est la déroute du principe d'individuation, déroute qui peut aller jusqu'à l'émeute, dont la parade est finalement la domestication. 

21/06/98 

PASSION 

Selon Lacan, les trois passions fondamentales sont l'amour, la haine et l'ignorance. En fait, les trois font partie de la définition même de la passion, de toute passion : l'amour et la haine, c'est la proprioceptivité, la tensivité, la densité, c'est la thymie et la phorie; l'ignorance, c'est l'illusion ou le mensonge et le secret, c'est l'être jusque dans le paraître ou le paraître jusque dans l'être. La passion est l'imagination j usque dans la raison. Sur fond de passion, l'imagination est le volume ou le temps -- l'être, le récit -- de la profondeur : le temps de la passion (vivre une passion) n'est jamais que la passion (de l'abolition) du temps... La passion n'est pas le bonheu r, mais la passibilité et la possibilité du bonheur et du malheur, de la chance et de la douleur, de la souffrance qu'il peut y avoir dans le plaisir et du plaisir qu'il peut y avoir dans la souffrance; la passion est le non-concept -- le nom propre, le s chème, le monogramme, la signature -- de la jouissance. La passion, c'est l'homme, c'est la vie. 

07/07/98 

SÉDUCTION 

Ces gens qui aiment avant d'aimer, ce sont les séducteurs ou les femmes; ceux qui aiment après avoir aimé, ce sont les hommes. L'hystérique objet attire; l'obsessionnel sujet est att iré. L'obsession est à l'hystérie ce que l'ontogenèse est à la phylogenèse. 

10/07/98 

PHYSIQUE 

Les physiciens ne seront jamais que des métaphysiciens, parce qu'ils font de la physique; ils ne savent pas ce qu'est le physique. 

10/07/98 

SOMATISATION 

Est-il impensable que, chez l'homme, le cancer du testicule soit aussi la somatisation de l'obsession et le cancer du colon, aussi la somatisation de l'hystérie, tandis que, chez la femme, le cancer du sein serait aussi la somatisation de l'obsession (la phallicisation du sein) et le cancer de l'utérus, aussi la somatisation de l'hystérie? Si ce n'est pas l'inverse -- de l'hystérie de conversion à la conversion de l'hystérie --, dans le cas du cancer du colon et de celui de l'utérus, l'hystérisation -- et l'invagination -- serait alors poussée jusqu'à son extrême limite, jusqu'à la limite du visible (et du cinéma); dans le cas du cancer du testicule et de celui du sein, le visible de viendrait invisible, le cancéreux faisant alors face à l'audible (et à la musique).-- De là, que penser du cancer du colon chez la femme et du cancer du sein chez l'homme? 

20/01/99 

RATIONALISATION ET SURESTIMATION 

De ma musique l'on ne sait à peu près rien, mais le chant (ou la chanson d'amour) nous en apprend un peu sur la musique et sur la poésie. Il y a sans doute quelque chose de commun à la chanson poétique, à la musique country ou western, au rock, au blues, au flamenco et à l'opéra (l'art lyrique) : au niveau de l'énoncé, il y a compulsion de répétition (surtout dans le refrain ou dans le leitmotiv), il y a aussi masochisme et il y a en fin surestimation de l'objet (d'amour). À cette surestimation correspond la surestimation des paroles, qui n'est finalement qu'un après-coup, qu'un effet de rationalisation, c'est-à-dire de censure ou de dénégation de la jouissance éprouvée avant et par l 'énonciation énoncée, soit par la voix. Cette réaction de défense a donc lieu en deux temps : au niveau de l'énoncé (incluant l'énonciation énéoncée) et au niveau de l'énonciation (présupposée). Et il y a encore une plus grande rationalisation, une plus g rande surestimation : la surestimation d'une langue, d'un idiome; surestimation qui amène par exemple à parler d'une langue de l'amour, alors que la langue de l'amour n'est jamais que l'amour de la langue -- amour (de la langue) doublé d'une demande (d'am our). 

17/02/99 

GÉNIE 

Le génie est celui qui est capable de pousser une isotopie minimale ou maximale jusqu'à son extrême limite; par exemple, jusqu'à la limite de la lumière, par la théorie de la relativ ité; ou c'est celui, musicien plutôt que mathématicien, qui est le connecteur d'un maximum d'isotopies. 

13/03/01 

MUSIQUE ET DANSE 

La musique est la spiritualisation de la compulsion de répétition, tandis que la danse en est l'incarnation. 

07/05/01 

VITESSE 

La victoire est la brève et rapide jouissance de la mère par le fils, alors que la défaite est la longue et lente puissance du père contre le fils : «Plaisirs d'amour ne durent qu'un instant; chagrins d'amour durent toute une vie»... 

07/05/01 

SUBJECTIVITÉ 

Est distinguée ici la subjectivité comme affect, comme passivité et patience, comme passion et imagination, comme immanence, comme subjectité, de la subjectivité comme représentation , comme activité de la volonté et agence, comme action et raison, comme transcendance, comme intersubjectivité, c'est-à-dire finalement comme objectivité, objectité... C'est toute la différence entre la paresse de l'âme et l'adresse de l'esprit. 

23/01/97 

TRADUCTION 

La traduction nous empêche d'apprendre d'autres langues, sous le prétexte de la communication mais toujours au profit des langues d'arrivée, c'est-à-dire des langues dominantes. La t raduction fait de nous des demi-cerveaux : la machine à traduire achèverait de nous décérébrer ou de nous décerveler. La traduction empêche de penser dans sa propre langue et de penser dans d'autres langues. La réduction de la lecture à la traduction -- s ans parler de la conception instrumentale ou fonctionnelle de la traduction comme transmission d'information -- coupe la lecture de ses opérations fondamentales qui sont, d'une part, l'oralisation de la tradition (qui est un débrayage : liaison et livrais on -- lire, c'est lier et livrer, c'est-à-dire délivrer, libérer, dégager) et, d'autre part, la trahison (qui est un embrayage). Pas de création sans trahison! Paradoxalement, la traduction conduit -- elle est conduction, conduite, contrôle -- à l'uniling uisme : à la "novlangue" ou à la "langue fondamentale", qui sera bientôt la seule langue d'arrivée et la seule langue de départ -- la langue rêvée par Ogden et Cie!... À moins que nous ne devenions tous des traducteurs, des doubles cerveaux, le mythe de B abel va nous réduire, nous les intraducteurs, au babil. L'unilinguisme (anglais) est une nouvelle romanisation. 

23/01/97 

TRANSITION 

Le passage ou la transition de l'interdit de l'infeste à l'interdit de l'inceste a eu lieu pendant les glaciations et il est à l'origine de la division des langues naturelles et à l' origine de la religion, dont est tributaire l'apparition de l'art paléolithique. Avec l'interdit de l'inceste et l'exogamie qui en résulte et qui a dû s'accompagner de rapts de femmes, débutent la généalogie, le générique et le spécifique qui nous éloigne nt du génétique, d'une genèse purement génétique; l'argument génétique pour expliquer ou justifier l'interdit de l'inceste n'étant jamais qu'une rationalisation après coup. L'interdit du père est fondé sur le nom propre, sur le Nom-du-Père. 

21/07/97 

VISAGE 

S'il y a quelque chose d'encore plus illusoire que la réalité du fantasme, l'image, c'est le fantasme de la réalité, le visage. 

14/02/97