Étienne Tréfeu


LE CONTRE-AMIRAL MIOT 
(PAUL-ÉMILE) 

Né le 11 février 1827, à la Trinidad (colonie anglaise des Antilles). Provenance: École navale; Aspirant: 1er août 1845; Enseigne de vaisseau: 1er septembre 1849; Lieutenant de vaisseau: 30 juillet 1857; Capitaine de frégate: 9 mars 1867; Capitaine de vaisseau: 3 août 1875; Contre-amiral: 25 août 1881. 

Légion d'honneur. Chevalier: 31 décembre 1853; Officier: 15 août 1865; Commandeur: 2 mai 1881. 

Officier de l'lnstruction publique: 1881. 

Médaille de la Baltique: 1855; Médaille de Crimée: 1856. Médaille du Mexique: 1866. Médaille de Madagascar: 1886. 

Comme on peut le voir plus haut, l'amiral Miot est né dans une colonie anglaise, où son père possédait d'importantes plantations de cannes à sucre. 

Il fut mis, très jeune encore, dans une pension en Irlande et y apprit la langue anglaise, 

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qu'il parle aussi bien que sa langue maternelle. Il vint ensuite à Paris pour se préparer à l'école navale, où il fut reçu en 1843. 

Sa première campagne eut lieu sur la Sibylle, à bord de laquelle il prit part au blocus du Rio de la Plata; puis il passe aux Antilles, où le contre-amiral Vaillant, gouverneur de la Martinique, le prit comme officier d'ordonnance. 

Plus tard, étant embarqué sur la Proserpine, il reçut l'ordre de prendre le commandement d'un navire de commerce français, appelé la Cérès et de le ramener à Bordeaux. Ce bâtiment avait eu son équipage décimé par la fièvre jaune et n'avait plus, au moment où M. Miot monta à bord, que le maître d'équipage et quelques hommes qui fussent valides. 

Cette traversée, exécutée dans des conditions vraiment extraordinaires, valut à M. Miot la croix de chevalier de la Légion d'honneur. 

L'année suivante, celui-ci partit pour la mer Baltique à bord de l'Asmodée; il vit prendre Bomarsund et bombarder Sweaborg, puis il passa sur l'Uranie, gagna la mer Noire et fut embarqué, par ordre de l'amiral commandant en chef, sur la corvette le Laplace

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De 1857 à 1862, M. Miot fit cinq campagnes à Terre-Neuve, avec l'Ardent, le Sésostris ou le Milan (il fut second de ce dernier) et exécuta, sous la direction du capitaine de vaisseau Cloué, commandant la division navale, une série de travaux hydrographiques qui lui valurent des éloges. 

Il reçut ensuite le commandement de l'aviso l'Adonis, désigné pour faire partie de la station navale du golfe du Mexique et se retrouva ainsi sous les ordres de M. Cloué. 

Sa conduite pendant la campagne le fit remarquer du commandant en chef, qui lui envoyait, le 15 août 1865, la rosette de la Légion d'honneur, en l'accompagnant de cette mention: « A pris part, de la maniere la plus brillante et la plus utile, à toutes les opérations de la division navale du Mexique. » 

Il passa, au mois de janvier suivant, sur la frégate le Magellan, où il se signala encore par deux ou trois faits de guerre, à la suite desquels il reçut le grade de capitaine de frégate. 

Au lieu de rentrer en France, lorsque l'expédition fut terminée, le commandant Miot suivit l'amiral Cloué sur l'Astrée, comme chef 

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d'état-major de la division navale de l'Océan Pacifique. 

Il revint à Paris au moment où la Commune allait éclater, suivit le ministre à Versailles et fut adjoint au directeur du personnel de la marine jusqu'au 1er octobre 1873, époque à laquelle on lui donna le commandement du Renard, cet aviso qui se perdit au mois de juin 1885, pendant la traversée d'Aden à Obock. 

Le Renard faisait partie de l'escadre d'évolutions et l'amiral Touchard, qui la commandait en chef, réclama à plusieurs reprises le grade de capitaine de vaisseau pour M. Miot. 

M. Touchard obtint gain de cause l'année suivante et le commandant Miot, quelque temps après sa promotion au grade supérieur, fut envoyé à la Réunion comme commissaire du Gouvernement, chargé de faire, conjointement avec un officier de la marine anglaise, M. Goldschmitt, une enquête sur la condition des travailleurs indous envoyés dans la colonie. 

Ce fut en arrivant à Paris, où il venait rendre compte de la mission qui lui avait été confiée, que M. Miot reçut le commandement de la corvette le Sané, de la division du Levant, com- 

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mandement qu'il échangea, au bout de quelques mois, contre celui du cuirassé l'Alma

Avec ce dernier bâtiment il prit part à la guerre de Tunisie, dont nous avons rappelé plus haut les principaux incidents. L'occupation de Bizerte, dont il fut gouverneur pendant quelques sernaines, lui fit donner la croix de comrnandeur et sa conduite à la prise de Sfax, où il conduisait une partie des colonnes d'assaut, détermina sa promotion au grade de contre-amiral. 

On l'envoya alors à Cherbourg, pour y remplir les fonctions de major général et, lorsque l'amiral Galiber fut rappelé en France, l'amiral Miot lui succéda au commandement en chef de la division navale de la mer des Indes. 

La campagne fut dure pendant les deux ans qu'il passe à Madagascar et il lui fallut faire des prodiges pour garder, avec un nombre d'hommes aussi restreint que celui dont il disposait, tous les points que nous possédions alors sur la côte et conserver en même temps assez de forces disponibles pour pouvoir prendre l'offensive. 

A l'exception de la reconnaissance de Farafatte, qui ne fut pas très heureuse et dont on 

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peut attribuer l'insuccès à différentes causes indépendantes de la volonté du commandant en chef, il n'eut pas lieu de se signaler par un fait de guerre un peu important et préféra avec raison rester sur la défensive, plutôt que de bombarder un peu partout sans résultat, comme on l'avait fait avant lui. 

L'amiral Miot a eu au moins la satisfaction de terminer une guerre qui menaçait de s'éterniser, sans profit bien net pour la France, et le grade de vice-amiral qui lui sera prochainement donné, sera la juste récompense de ses services. 

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