Acte II, suite

Question La métamorphose de la reine : au début de l'Acte II, la reine est craintive, solitaire et enfermée. Elle souhaite être en Allemagne avec ses parents et elle se plaint que son mari ne soit jamais chez eux. Mais quand elle rencontre Ruy Blas, elle commence à prendre la situation en main, et elle devient plus indépendante. Ex. Elle éloigne Don Guritan pour sauver Ruy Blas, en lui demandant de porter une boîte à son père à Neubourg (Scène 5). On peut remarquer un parallèle avec la métamorphose d'Agnès dans L'École des femmes ; c'est l'amour qui donne à l'une et à l'autre la force de devenir indépendantes. Ruy Blas, par contre, ne connaît pas une évolution parallèle. Son caractère ne change pas : ses actions sont encore déterminées par d'autres (Don Salluste, la reine, le roi, etc)

Acte III

Hugo ne respecte pas les règles de l'unité de lieu et de temps (ici), puisque l'action commence six mois plus tard (v. 993) que celle de l'Acte II, et elle se produit dans de différents lieux.

Scène 1

Pourquoi les ministres s'étonnent-ils de la montée de « César » (en réalité Ruy Blas) ? - Le vrai César a une mauvaise réputation (il est bandit), mais la reine l'a fait monter au rang de premier ministre du royaume. Dans quel temps théâtral cela s'est-il produit ? - Dans l'entracte. Quelles sont les « affaires publiques » (v. 1025) dont les ministres s'occupent? - Leur intérêt personnel, et celui de leurs familles. Ils ne s'intéressent qu'à emplir leurs poches, partager les impôts entre eux et faire engager leurs parents (corruption et népotisme). Ex. Montazgo parle à Ubilla d'un emploi pour son neveu (v. 1027).

Scène 2

Quels abus est-ce que Ruy Blas dénonce ? - Il dénonce : le déclin de l'empire, l'exploitation du peuple, les luttes internes, la corruption de la police et des juges, les soldats qui travaillent pour le grand bandit Matalobos et le fait que les ministres ne s'occupent pas du tout des affaires de l'Espagne. - On savait déjà que Ruy Blas avait des rêves et des projets politiques qu'il a dû oublier à cause de sa pauvreté (I,3, v. 317-319), mais maintenant il se croit en mesure de pouvoir résoudre les problèmes qu'il voit dans l'État. Le lecteur remarque l'évolution du caractère de Ruy Blas avec l'affirmation de son autorité.

Scène 3

Qu'est-ce qui inspire la reine à déclarer son amour ? - La reine, qui était témoin des événements de scène 2, est maintenant inspirée pour louer Ruy Blas et pour lui déclarer son amour. Auparavant, elle le croyait « bon », mais après l'avoir vu avec les ministres elle le croit grand, intelligent et courageux (v. 1251).

Scène 4

Tout va bien pour Ruy Blas. Les rêves amoureux et politiques les plus fous de cet ancien laquais sont en train de se réaliser : la reine l'aime et il occupe un poste important au gouvernement qui lui permettra de sauver l'Espagne.

Scène 5

Expliquez comment cette scène constitue un coup de théâtre. Il y a un revirement de situation soudain pour Ruy Blas : Don Salluste arrive inopinément pour lui rappeler qu'il n'est qu'un laquais, et qu'il lui a signé une promesse d'obéissance inconditionnelle. Par ailleurs, Salluste menace de révéler la relation de Ruy Blas et la reine, ce qui la déshonorerait. COMPRÉHENSION : VOCABULAIRE ET GRAMMAIRE v. 1332, Cela ne se fait pas = That's not done (verbe pronominal à sens passif) v. 1332, parents : Ce mot a deux sens différents. L'un est un « faux ami » et l'autre est un « vrai ami ». = "parents" = (ici) "relatives" la cervelle : la substance physique (the brain tissue) le cerveau : souvent = le siège de la pensée (the brain, in the sense of mind) ; aussi, l'ensemble de l'organe. v 1499. Dût le gibet me prendre = même s'il fallait que le gibet me prenne plaindre = to pity v. 1548, qu'il me plaigne = may he pity me inopinément = à l'improviste

Question sur l'ensemble de l'Acte III

Avec quel procédé commencent les scènes 2, 3 et 5 ? (Question dans la page Web « Exercices et documentation sur Ruy Blas ».) - Au début de chacune ces trois scènes il y a l'entrée inattendue d'un personnage qui a été témoin de (l'ensemble ou d'une partie de) la scène précedente. Ce procédé accelère l'action parce que dans chaque cas il la change tout d'un coup. Dans la scène 2, Ruy Blas surgit sur scène, ce qui lui donne l'occasion d'affirmer son autorité. La reine arrive au début de la scène 3 pour déclarer son amour, ce qui permet un dénouement de l'intrigue du coeur (Ruy Blas et la reine s'aiment réciproquement). Mais dans la scène 5, l'entrée de Don Salluste réanime le conflit fondamental, et il fait disparaître les rêves de Ruy Blas.

Acte IV, Scène 1

Quel projet est-ce que Ruy Blas conçoit finalemnt pour sauver la reine du piège que Don Salluste lui tend ? - Il lui fera transmettre un message par Don Guritan (lui aussi amoureux de la reine) pour que celui-ci l'empêche d'entrer dans la maison de Salluste et de tomber dans son piège.
Notez que les scènes 2-3 relèvent de la comédie, même de la farce. (Voir la préface d'Hugo : « les deux électricités opposées de la comédie et de la tragédie ».) En quoi est-ce qu'elles reflètent les éléments de comique élaborés par Bergson ?

 

- il y a la répétition comique où s'accumulent des incidents
inattendus qui font la bonne fortune de Don César : il arrive par la
cheminée dans la petite maison de Salluste pour échapper à la police,
il trouve du vin et de la nourriture, quelqu'un lui apporte une grosse
somme d'argent, et une duègne lui propose un rendez-vous amoureux. 

  - l'interférence des séries : le laquais et la duègne prennent
Don César pour le faux César ; et il est pris pour le grand bandit
Matalobos (quiproquos) 

  - l'inversion : le bandit, César, est pris pour le premier
ministre de l'Espagne

COMPRÉHENSION : GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE

une duègne = une femme qui sert de chaperon, mais ici = par ironie,
une entremetteuse, une vieille femme qui arrange des rendez-vous galants
 
v. 1920, des apprêts : les préparatifs (ici : pour un voyage)

v. 2003, un blason : a family coat of arms

Acte IV, Scène 2

Quel est le coup de théâtre de cette scène ? - Le vrai Don César est revenu de l'Afrique. Que fait-il après son arrivée inattendue dans la petite maison de Don salluste ? - Il raconte ses aventures (dans un récit picaresque, trouve de quoi manger et boire, et imagine la réaction des Madrilènes quand ils apprendront son retour.

Acte IV, Scène 3

Expliquez le quiproquo de cette scène et pourquoi le laquais apporte de l'argent à César. - Le laquais prend le vrai Don César pour le faux Don César (Ruy Blas), premier ministre et amoureux de la reine. Salluste lui envoie cet argent, car dans l'acte III, scène 5, il a expliqué son projet pour éloigner la reine, et a ordonné à Ruy Blas de l'aider en lui promettant l'argent dont il aurait besoin (v. 1392). Maintenant le laquais apporte l'argent au vrai César, qui ne comprend pas ce qui se passe mais qui l'accepte sans hésiter. Qu'est-ce que (le vrai) Don César fait de cet argent ? - Il en garde une partie (diascalies) et ordonne au laqauis de distribuer le reste aux pauvres.

Scène 5

Pourquoi est-ce que Don Guritan arrive à la maison ? - La dernière fois qu'on l'a vu, il était avec la reine qui l'envoyait à Neubourg pour empêcher le duel entre lui et Ruy Blas (II,4 ; II,5). Cependant, Guritan est maintenant rentré de son voyage (v. 1179, III,2) et tient à reprendre le duel. Quel est le quiproquo de cette scène ? - César pense que Guritan est le mari jaloux de la femme avec qui il a arrangé son rendez-vous amoureux. Il engage Guritan dans un duel (où il le tuera).

Scènes 6 et 7

Pourquoi est-ce que Salluste s'inquiète au moment de son arrivée ? - Il pensait que tout allait bien pour son projet de vengeance, mais quand il arrive à la maison il voit que rien n'est préparé pour le piège qu'il veut tendre à la reine. Il s'attendait à voir tous les préparatifs du départ que Ruy Blas aurait dû faire, et il pense que tout est perdu quand il voit son cousin César (v. 1932). « Tout n'est pas perdu peut-être ! » (v. 1950). Expliquez. - Don César raconte à Salluste le rendez-vous galant qu'il a pris. Salluste comprend qu'il s'agit d'un rendez-vous du faux César (Ruy Blas) et que la reine va arriver ; il est ainsi soulagé. Dans cette scène nous retrouvons un type de comqiue que nous avons déjà observé dans la Scène III de La Farce de Maître Pathelin. Lequel? - Le comique de répétition où l'un des personnages raconte une ou des scène(s) précédente(s) dont les spectateurs ont déjà été témoins (ici : le laquais enivré, la duègne et le rendez-vous galant, le duel avec Guritan).

Scène 8

Comment est-ce que Salluste se débarrasse de son cousin ? Il dit à la police que César n'est autre que Matalobos, le grand bandit de Madrid. César ne peut pas se défendre car il porte le manteau de Salluste (que celui-ci avait donné à Ruy Blas dans l'acte Ier et que César a trouvé dans un tiroir au moment de son arrivée dans cette maison) et le pourpoint volé au Comte d'Albe (v. 2003 = I,2, v. 127) et il vient de tuer un homme. La police arrête César malgré ses dénégations. COMPRÉHENSION : GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE le chantage = blackmail faire chanter qn = to blackmail sb prendre qn en flagrant délit = to catch sb in the act / red-handed

Acte V, Scène 1

Pourquoi Ruy Blas veut-il s'empoisonner ? - Croyant que Don Guritan a suivi ses ordres (v. 2025-2028), il peut mourir avec la certitude que la reine sera sauvée. Il sait qu'il ne peut plus faire semblant d'être Don César et il ne veut pas que la reine sache qu'il l'a trompée. Son amour pour la reine est un amour impossible, il croit qu'il ne la reverra plus jamais (v. 2054).

Scène 2

En quoi cette scène est-elle un coup de théâtre ? - Tout à coup la reine entre, même si Ruy Blas pensait que Don Guritan l'avait empêchée de sortir de sa chambre. Maintenant tous ses projets pour la sauver sont détruits et il ne sait plus quoi faire. Pourquoi est-ce que la reine est venue ? - Elle a reçu une lettre qu'elle pensait lui avoir été envoyée par Ruy Blas, mais c'est la lettre que Don Salluste avait fait écrire à Ruy Blas avec la signature de César (Acte I, scène 4). Comment est-ce que Don Salluste fait chanter la reine ? - Il lui dit qu'elle doit partir d'Espagne immédiatement, et si elle refuse, il menace de révéler son rendez-vous secret dans la chambre de Ruy Blas. Comment est-ce que Ruy Blas déjoue le projet de Salluste ? - Il l'entraîne derrière un mur et il le tue. C'est le dénouement de l'intrigue menée par Salluste.

Scène 4

Expliquez le dénouement final. - Il s'agit du dénouement de l'intrigue menée par Ruy Blas. Il se suicide car tout ce qu'il a fait était un mensonge, et (dans un premier temps) la reine refuse de lui pardonner : il a fait semblant d'être Don César, et avec le soutien de la reine il est devenu premier ministre -- bien qu'il ne soit en réalité qu'un simple laquais. Si d'abord elle refuse de lui pardonner, quand elle voit la force de son amour et se rend compte qu'il meurt, elle lui pardonne l'appelle par son vrai nom de « Ruy Blas » pour qu'il puisse mourir heureux.

Le Romantisme

- un large mouvement littéraire et artistique à la fin du XVIIIe siècle et pendant la première moitié du XIXe siècle (représenté en Allemagne par le poète Novalis, et en Angleterre par les poètes Blake, Wordsworth, Coleridge, Byron, Shelly et Keats). Comment ce mouvement se caractérise-t-il ? - c'était une réaction contre le rationalisme du Classicisme du XVIIe siècle et du mouvement des Lumières du XVIIIe siècle. - il insistait plus sur la liberté que sur l'ordre, plus sur le particulier que sur l'universel (plus sur l'individu que sur le type), plus sur l'expression des sentiments et de l'imagination que sur la raison ; il manifestait des sympathies pour le peuple plutôt qu'une admiration pour l'héroïsme des classes régnantes. Par exemple, dans Ruy Blas : - la liberté plutôt que l'ordre : un laquais déclare son amour pour la reine - le particulier plutôt que l'universel : la couleur locale (ex., termes espagnols : alguazils, etc.) - l'individu plutôt que le type : Ruy Blas (qui n'est pas un laquais typique !) ; Don César (pas un noble typique !) - sentiments et l'imagination plutôt que la raison (les rêves fous de Ruy Blas tant sur le plan politique que sur le plan affectif). - sympathies pour le peuple plutôt qu'une admiration pour l'héroïsme des classes régnantes : le héros est issu du peuple ; le roi est nul et les classes régnantes sont totalement corrompues (III, 1-2). Les dramaturges les plus connus du Romantisme français sont Victor Hugo et Alfred de Musset. Dans leurs pièces on voit : - un rejet de règles du Classicisme (les unités de temps, de lieu et d'action, etc.) - la création d'un nouveau genre : le drame romantique - un dialogue marqué par le lyrisme (langage sentimental poétique) - de fréquents coups de théâtre et inversions (ex. un laquais devient premier ministre)

Le Théâtre moderne

La période la plus importante pour le théâtre français au XXe siècle est celle des années 1940 et surtout 1950. L'Europe sortait d'une terrible guerre dans laquelle des dizaines de millions de personnes ont péri. Pendant la guerre froide, qui a duré jusqu'à la fin des années 1980, il y avait une peur constante que les États-Unis et l'Union soviétique s'engagent dans une guerre nucléaire qui mettrait littéralement fin à la race humaine...

C'est en grande partie pour cela que cette époque a été marquée par un profond pessimisme et que dans la littérature (dont le théâtre) il y a eu une réaction à ce malaise.

Cette réaction s'affirme en partie dans l'existentialisme : doctrine philosophique (Martin Heidegger en Allemagne, Sartre en France) selon laquelle l'homme n'est pas déterminé d'avance par son essence, mais est libre est reponsable de son existence. (Le Micro-Robert)

Jean-Paul Sartre (1905-1980) est généralement considéré comme le plus grand penseur français du XXe siècle. Il était philosophe, romancier et dramaturge ; sa pièce la plus connue est Huis clos (1944, "No Exit" en anglais). Il pensait que chaque personne doit agir avec courage et intégrité même face au désespoir. Il insistait sur la liberté et la responsabilité de l'être humain, même si « l'enfer, c'est les autres » (Huis clos, réplique qui illustre le pessimisme de l'époque).

Parmi les dictons les plus célèbres qui résument sa philosophie figurent « L'existence précède l'essence » (c'est-à-dire, on ne naît pas avec une nature humaine prédéterminée, on la détermine soi-même dans sa vie) et l'être humain « est la somme de ses actes » (l'être humain est ce qu'il fait : on n'a pas de « nature » indépendamment de ses actes).

Comme Victor Hugo et Émile Zola avant lui, Sartre était un écrivain engagé ; il s'intéressait aux problèmes du peuple, et il participait aux luttes des ouvriers et et des peuples du Tiers Monde. Il militait au mouvement contre la guerre américaine au Viêt-Nam, et il était l'un des meneurs de la révolte de Mai 68 en France. Il a refusé d'accepter le prix Nobel de la littérature quand on le lui a offert. La compagne de Sartre, Simone de Beauvoir, est la fondatrice du féminisme moderne (Le deuxième sexe, 1949).

Étude des trois extraits : La Cantatrice Chauve, En attendant Godot, Les Belles-Soeurs

Quel thème commun trouve-t-on ces trois textes ?

- Celui de l'ennui, reflet du désespoir et du pessimisme qui ont caratérisé le milieu du XXe siècle. Cependant, le malaise s'exrime de façon différente que chez Sartre.

Dans En attendant Godot de Beckett, il s'agit de deux hommes qui attendent Godot qui n'arrive pas, ce qui les empèche de partir - ils sont enfermés dans leur situation d'ennui.

Dans « l'anti-pièce » La Cantatrice Chauve d'Ionesco, les personnages ne sont pas bien distincts les uns des autres. Ils n'ont pas leur propre caractère, et ils ne se communiquent pas. Il y a une subversion du langage, puisqu'il n'y a pas de vraie communication. De plus, le titre n'a aucun rapport avec le contenu de la pièce, ce qui réflète la fragmentation de la vie réelle.

Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay est écrite dans le dialecte québécois du milieu populaire (en joual). Un groupe de femmes se plaint de la monotonie de la vie quotidienne. Toutes parlent ensemble pour montrer l'universalité de leur ennui.

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